Young, de Tunis à Auschwitz

Né en juin 1911 dans une famille juive de Tunis, Victor Perez, qui admire son grand frère boxeur, se passionne très jeune pour ce sport, décidé à devenir champion du monde ! Une fois installé à Paris il continue son entraînement sous la direction de son premier manager, Joe Guez et il se fait vite remarquer. Il est sacré champion de France poids plume en 1930, avant de devenir champion du monde l’année suivante… C’est la gloire, l’argent et les conquêtes… Mais la guerre et ses camps viennent s’en méler…

Par fredgri, le 11 octobre 2013

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Notre avis sur Young, de Tunis à Auschwitz

En 2010, Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro nous offraient la biographie de Battling Siki dans "Championzé". Avec "Young" ils reviennent sur un autre grand boxeur d’avant guerre, Victor Young Perez. 136 combats, 91 victoires dont 27 par KO, à 20 ans il devient le plus jeune champion du monde des poids mouches. Dans cette fascinante biographie d’un peu plus de 120 pages nous découvrons le parcours de cet homme pris entre dans une époque trouble, l’entre deux guerres, dans sa passion pour la boxe et ce destin qui se dessine devant lui, auréolé de gloire, mais frappé aussi par cette dure réalité qui se profile, les camps, les privations.
Le récit alterne donc le déroulement chronologique de la vie du boxeur et la fin de sa vie dans les camps. On passe de l’un à l’autre et ce rythme narratif haché permet de changer d’ambiance régulièrement, de focaliser sur des points importants tout en pointant l’émotion et les sentiments. Bien sur, certain points sont un peu laissés en arrière, voir même peu développés, comme sa liaison avec Mireille Balin, sa capture par les allemands ou simplement son incroyable succès et sa déchéance, on se concentre sur l’homme et ce destin sans pareil, entre gloire et douleur, entre rêve et cauchemar !

L’écriture est particulièrement fine et sensible, on sent bien les combats intérieurs qui se jouent dans la tête de ce jeune juif qui assiste à la montée du fascisme, à la haine ambiante, qui passe du stade de champion du monde à celui de déporté, qui n’est plus qu’un numéro humilié, abattu dans le dos par un quelconque maton nazi. La tragédie moderne dans toute sa gloire, celle qui créé le rêve, mais qui abat les étoiles les plus flamboyantes sous le vague prétexte de l’histoire en marche, des victimes qui s’amoncèlent. Victor Young Perez n’est pas seulement un juif parmi les autres, il reste ce gamin qui regarde les affiches de ses boxeurs favoris, qui esquisse quelques pas sous le regard de son frère, il est ce petit garçon qui se voit sur un ring, sous les acclamations… Ducoudray met ainsi l’accent sur la matière émotionnelle de ce parcours, sur les enjeux personnels. Il reste toutefois assez elliptique et ne développe pas trop les détails. Ça n’enlève absolument rien à la qualité du scénario, bien au contraire. L’ambiance est amplifiée par le graphisme de Vaccaro qui livre ici des planches de toute beauté, très fluides et expressives, avec un vrai sens du rythme et de la narration. Une passionnante lecture.

Mais ce que je conseille aussi, à la limite c’est de lire, en parallèle, l’album sorti l’année dernière, "A l’ombre de la gloire" par Lapière et Samama, qui parle justement de Victor Young Perez et de sa relation avec Mireille Balin !

En attendant, ce "Young" reste un des beaux albums de la rentrée !

Par FredGri, le 11 octobre 2013

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