19 avril 1943

En 1939, en Pologne, le jeune Yossel âgé de 13 ans est un dessinateur talentueux.
Terré dans les égoûts avec sa famille, ses amis, ses voisins ou encore avec des inconnus, ils attendent l’assaut final.
Yossel est l’un de ces derniers survivants de ghetto de Varsovie.
Grâce au dessin et à son talent, Yossel est épargné de la déportation, dessinant pour le plaisir des nazis… et en cachette par le dessin il témoigne de l’horreur…

Par aub, le 1 janvier 2001

2 avis sur 19 avril 1943

J’avais repéré cette BD sur les rayonnages de mon libraire préféré certainement à cause de cette couverture très significative. Lorsque mon libraire, (vous savez, ce fameux libraire qui me force à acheter des BDs) me dit : « Ca Aubert… tu vas aimer, c’est puissant ! N’hésite pas… »… Une fois de plus j’ai plongé et j’ai acheté. Une fois de plus il m’a extrêmement bien conseillé, et j’espère que par mon avis vous aurez vous aussi envie d’acheter cet ouvrage qui est pour moi un réel chef d’oeuvre… et pourtant !
Le sujet traité est connu de tous : la cruauté, l’horreur, les abominations, la folie, et tous les adjectifs qui pourraient tenter de décrire ce qu’il s’est passé durant la guerre 39-45 avec les Juifs, font que l’histoire de tout un peuple, l’histoire de la terre entière a été traumatisée.
Joe Kubert, grand auteur américain, a travaillé sur cette page de l’histoire en réalisant des études, des recherches, en recoupant des informations, en écoutant, lisant, voyant des témoignages, tout ceci poussé et soutenu par le souvenir des évènements que ses parents, sa famille ont vécu à cette époque.
Toute la difficulté de la lecture d’un tel ouvrage est bien évidemment le thème. Tout au long des pages, j’ai eu à plusieurs reprises un certain malaise, même parfois des frissons de frayeur. A plusieurs reprises j’ai posé le livre n’arrivant plus à lire, n’arrivant plus à avancer, à tourner les pages tellement la lecture en est pénible.
La BD est constituée uniquement de croquis, aucune couleur, ni aucun encrage, une narration sans fin de cet enfant qui se retrouve au beau milieu de cette histoire, sauvé par son talent de dessinateur, et tellement impuissant face à ces évènements qu’il ne peut que relater, que décrire, que dessiner…

Lorsque j’ai eu terminé la lecture de cette oeuvre… j’ai ressenti plusieurs sentiments, le premier une satisfaction d’être arrivé jusqu’au bout de cette BD, le second une grande claque en pleine face : la réalité fait mal très mal, le troisième un dégoût pour l’être humain, le quatrième un grand moment de joie d’avoir un témoignage en BD de cette page de l’histoire, la cinquième envie de dire merci à mon libraire préféré… et en sixième, le sentiment probablement le plus fort… celui de ne pas relire cette BD de si tôt tellement elle m’a boulversée, grâce à ce récit poignant.

Par AUB, le 5 avril 2005

Une BD sur la Shoah ?
Forcément, on pense à MAUS, référence inégalable en la matière.
Inégalable ?
La question est ailleurs. Le point de vue, autre.

Yossel est adolescent. Comme Joe Kubert, il est passionné de Bande Dessinée, et talentueux. Car Yossel, c’est Joe Kubert. Ou plutôt, un autre Joe Kubert. Quand les Kuberts sont partis aux Etats-Unis, Yossel, lui, est resté en Pologne. Déporté dans le Ghetto de Varsovie, son talent lui accorde la bienveillance des officiers nazis et un laissez-passer .Le jour, il dessine des super-héros, arborant fièrement la svastika. La nuit, il prépare l’insurrection du Ghetto. Et quand ses deux vies s’entrecroisent, il constate que les nazis, morts, « n’étaient pas des supermen ».
Yossel c’est ça. Une vision du monde en nuances de gris, et des touches de lumière pour mieux souligner l’expérience cathartique de la bande dessinée.
Le crayon de Yossel ne dessine plus de super-héros et se met à dépeindre les horreurs omniprésentes.
Le crayon de Kubert, lui, rend admirablement l’énergie et la détresse des dessins de Yossel.
Les mises en abyme se multiplient, entre faits réels et fiction.
Les mises en page jouent sur l’épure et l’absence de cases. Absence de barrières… Evasion par le dessin… C’est bien écrit, mais les pavés de texte, plaqués par ordinateur, contrastent avec l’image. On s’y fait. Le scénario, sensible, ne tombe jamais dans le manichéisme. Seul le flash-back central, un peu longuet, n’est pas vraiment novateur.
Au final, la lecture de Yossel reste une expérience poignante.

Kubert pose une question simple : « Et si j’avais vécu la déportation ? »
La réponse de Yossel, plus complexe, est nécessairement pessimiste…

Par Yann Gourhant, le 11 avril 2005

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