YOKOZUNA
Tome 01

 
Il est Américain, né à Hawaï, mais la renommée du jeune Chad Rowan va plutôt se faire au Japon où il est parti un jour en promettant à ses proches de devenir "yokozuna", c’est à dire d’obtenir le plus haut grade qu’un sumotori peut se targuer d’avoir atteint…
 

Par sylvestre, le 30 août 2013

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Notre avis sur YOKOZUNA #1 – Tome 01

 
Sur la couverture, le titre de la série est assez difficile à lire : Yo-ko-zu-na… Et même lorsqu’on a réussi à le déchiffrer, il garde tout son mystère. Derrière ces huit lettres massives comme des sumotoris se cache justement… une histoire relative à ce sport si particulier et si spécifique au Japon : le sumo, un art martial mettant face à face, sur des dohyos, des sportifs dont l’obésité est, entre autres, un atout pour la victoire.

C’est aux éditions Kana que paraît cette série ; des éditions qui nous ont habitués dans leur collection Made In à nous donner principalement accès à des œuvres asiatiques (seul le titre Icare invitait jusque là l’Européen Moebius ; en considérant Japonaise l’auteure Keiko Ichiguchi qui habite en Italie). Une fois n’est pas coutume donc, Yokozuna permet à de nouveaux Européens de figurer parmi la liste des auteurs de cette collection : Jérôme Hamon et Marc van Straceele, deux Français dont vous trouverez des éléments biographiques sur les rabats de la jaquette de l’ouvrage.

Le thème du sumo pouvait effectivement à lui seul faire gagner à Yokozuna sa place dans le catalogue Made In des éditions Kana, mais ce critère culturel, même relatif à un domaine très pointu, n’aurait sans doute pas été boudé par d’autres éditeurs, spécialisés manga ou pas. En réalisant leur histoire en noir et blanc et en la déroulant sur de très nombreuses pages, les auteurs de Yokozuna ont certes pu se sentir dans la peau de mangakas mais leur oeuvre montre, à bien y regarder, beaucoup de similitudes avec de la bande dessinée européenne : sens de lecture européen, nombreux courts chapitres ne décortiquant pas minutieusement l’action, pas de traits d’action dynamique, pas de fantaisie dans la géométrie des cases… Quant au dessin, il n’a rien non plus de typiquement manga. On déplorera même qu’il apparaisse de la qualité de croquis crayonnés ; peut-être qu’avec ce style, le dessinateur a-t-il pensé japoniser son trait ?

Une chose est sûre (et c’est à mon sens le plus important), c’est que les auteurs se sont bien documentés sur l’univers du sumo et réussissent avec leur BD à nous en apprendre beaucoup plus qu’on en savait déjà sur ce sport si particulier, sur ses acteurs, sur ses coulisses ou encore sur ses codes… Inspirée d’une histoire vraie, cette bande dessinée est une garantie de sérieux et permet en outre aux plus curieux de se prendre par la main pour aller chercher ailleurs à en savoir encore plus. Avant de lire Yokozuna, on n’aurait pas forcément compris ce qui anime les fans de ce sport (on sait que Jacques Chirac, qui a fait plus de quatre-vingt séjours au Japon, était un grand passionné du sumo !) ; après y avoir été sensibilisé, on comprend mieux que l’univers, les subtilités et la complexité de la discipline puissent fasciner les gens et en faire des aficionados !

Une intéressante découverte, au final. Peut-être doublée d’une sorte de pari fait par l’éditeur ? Sans doute ce dernier a-t-il misé beaucoup sur la curiosité des lecteurs et sur le pouvoir de séduction qu’aura eu sur eux la BD, car le prix qu’il vous faudra débourser pour acquérir ce livre (certes cartonné et en format demi-A4 vertical) dépasse de beaucoup le prix qu’il aurait pu afficher si Yokozuna avait été publiée en format manga classique.
 

Par Sylvestre, le 30 août 2013

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