Yasmina

Yasmina est une jeune bédouine, et un jour comme le veut la tradition on lui annonça qu’elle allait bientôt épouser un homme qu’elle ne connaissait pas, un homme qu’elle n’aimait pas… Mais Yasmina est encore pareille à une enfant, et comme dans un rêve, le vrai amour vient à elle. Il s’appelle Jacques et est soldat français en poste dans le désert d’Algérie. Mais trop vite, la réalité la rattrape et son rêve devient cauchemar…

Par melville, le 20 décembre 2010

Notre avis sur Yasmina

Après l’excellent et remarqué Tueuse, Damien May nous revient toujours chez Des ronds dans l’O avec une nouvelle adaptation, cette fois-ci d’Isabelle Eberhardt, intitulée Yasmina. Isabelle Eberhardt est une auteure de la fin du XIXème connue pour avoir parcouru le Sud algérien et partagé le quotidien des bédouins.

Avec Yasmina, on quitte les ruelles sombres et exigües des environs de Marseille pour se perdre dans l’immensité du désert algérien, mais toujours pour partager l’instant d’une lecture, et d’avantage, le destin d’une femme. Damien May met en scène son héroïne avec tendresse. A chacune des pages l’histoire nous emporte un peu plus, on y perçoit les émotions mêmes de l’auteur, Damien May dessine avec ses tripes mais aussi avec son cœur, et cette sincérité avec laquelle il raconte ses histoires touche immanquablement.

Le récit écrit par Isabelle Eberhardt est construit en deux temps où le timide puis passionné amour adolescent, chargé de candeur et d’espoir, est brisé par des considérations d’adultes empêtrés dans ce combat inégal entre cultures et traditions. Yasmina la bédouine est amoureuse d’un soldat français qu’elle surnomme Mabrouk et elle ne cessera jamais de l’aimer… Le récit puise toute sa force et sa richesse tant émotionnelle que culturelle et « sociale » dans son apparente simplicité, et quand les mots d’Isabelle Eberhardt rencontrent les illustrations de Damien May, une alchimie toute particulière nait alors. Narration poétique et dessins se passants de paroles entrent dans une danse sensuelle où tous deux se répondent, s’épaulent, et nous envoûtent. L’auteur adapte cette nouvelle avec beaucoup de talent et trouve l’équilibre juste, un exercice loin d’être aisé.

Pour Yasmina, Damien May dilue son encre de chine en un lavis au rendu plus doux que pour Tueuse mais son dessin ne perd rien de sa force. Son trait renferme cette émotion qu’ont les plus grands maîtres, et si les noms d’Hugo Pratt et d’Edmond Baudoin nous effleurent l’esprit pour les scènes de désert inondé par un soleil brûlant ou celles plus intimes et brutales, c’est bien à Damien May que l’on pense en refermant l’album, à cet auteur au talent fou, à cet homme « vrai ».

Yasmina est l’histoire d’une femme et de son amour interdit par la loi des hommes. Ensorcelante et tragique, cruelle et passionnée, une bande dessinée à lire sans faute !

Par melville, le 20 décembre 2010

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