X'ed out

Alors qu’il est allongé dans son lit, assommé par les médicaments, Doug fait d’étranges rêves mâtinés d’hallucinations. Il se retrouve alors dans un univers très dérangeant peuplé de créatures toutes plus bizarres les unes que les autres. Quand il retrouve ses esprits il se souvient alors de son passé, de ses rencontres… L’action se passe à la fin des années 70, en pleine explosion de la punk culture et Doug aime faire des performances, coiffé d’un masque qui rappelle le visage de… Tintin…

Par fredgri, le 17 novembre 2010

Publicité

Notre avis sur X’ed out

Avec X’ED OUT Charles Burns commence ici une nouvelle trilogie. D’une part on y retrouve les thèmes chers à Burns, mais on y retrouve, clairement exposées, des références à Tintin, une série qui a longtemps fasciné l’artiste américain.

Une nouvelle fois, la lecture de cet album est une expérience en soi. On essaie de décrypter des éléments, mais très vite on se rend compte aussi que Burns accumule les fausses pistes, qu’on n’a pas tout les éléments. On est davantage dans un premier tome de présentation ou il nous présente les situations, le personnage principal et progressivement nous fait glisser dans la réalité subjective de ce Doug (car la réalité que décrit le "héros" est une réalité profondément marquée par les angoisses du jeune homme). Ce dernier est couché, sous les effets des différentes drogues qu’il ingère. Il essaie de réduire les doses en cochant une grille, histoire de marquer chaque nouvelle journée enfermé dans cette prison intime (d’où le titre de l’album qui pourrait presque se traduire par "cocher d’un X une case pour s’en sortir", c’est aussi un rappelle à l’esprit punk qui signalait ainsi chaque nouvelle journée hors de la société bien pensante)! Et, pour garder les pieds sur terre, se remémore les évènements qui l’ont amené là ou il est actuellement. Nous le retrouvons donc alors quelques temps auparavant, traînant, nonchalamment, dans diverses performances artistiques (Burns a voulu situer l’action de son histoire en pleine explosion punk à la fin des années 70), et faisant la connaissance d’une jeune photographe conceptuelle qui va très vite le fasciner, allant jusqu’à abandonner sa petite amie du moment. Le héros se cherche, tente des expériences et semble profondément marqué par toutes ces expérimentations artistiques. Lui même anime vainement une performance sur scène, il porte un masque de Tintin, se fait appeler "Nitnit or Johnny 23" et débite des suites de phrases qui rappellent les Cut-up de Burrough…
Ce qui surprend d’emblée le lecteur c’est que dès la première page il est tout de suite projeté dans l’univers hallucinatoire de Doug (d’ailleurs quand il s’agit des séquences dites "oniriques" le visage de Doug est traité de façon beaucoup plus stylisé, façon Tintin). On pénètre avec lui une sorte d’Interzone (qui rappelle donc, là aussi Festin Nu de Burrough déjà cité plus haut !) peuplé de créatures vraiment très bizarre. Par contre, on comprend tout de suite qu’il n’y a ici aucunement matière à chercher un sens pour l’instant, il faut juste suivre Doug et c’est tout !
De même que l’auteur, le jeune Doug semble lui aussi fasciné par le héros de Hergé. On ne saisit pas franchement toutes les références, on reconnait une statue par ici, une couvertures équivoque par là, mais pour l’instant, la aussi, on reste dans le flou. Néanmoins, Burns rend ici, à sa façon, hommage à Tintin. Il a d’abord pensé construire son histoire sous forme d’un diptyque, un peu à la façon de quelques albums d’Hergé, en rythmant avec un léger cliffhanger le milieu, mais très vite il en est arrivé à développer plutôt une trilogie. Burns est un auteur méticuleux, qui réfléchit au moindre millimètre de chaque planche, chez qui tout a un sens très profond, même si, en parallèle il admet nourrir beaucoup d’amour pour les histoires déstructurées et éclatées.

En attendant donc le prochain tome (il en a dessiné la moitié) appelé "The Hive", vous pourrez vous délecter de ce premier opus qui est un vrai régal. De plus il bénéficie d’une version française parues en même temps chez Cornélius, ainsi que d’une version alternative, conçue par Burns lui même, appelé "Johnny 23", publiée par Le dernier Cri, pastichant les versions pirates asiatiques…

Le gros avantage que je vois tout de suite, c’est que même si en effet il y a un aspect quelques peu hermétique dans les séquences "oniriques", cela reste très lisible, malgré tout, même quand Burns mélange un peu les flash back. De plus on sait aussi que des pistes seront ouvertes dans les deux albums suivants…

Alors, bonne lecture !

Par FredGri, le 17 novembre 2010

Publicité