WOTAN
Integrale

Dans la tourmente de la guerre, trois personnages vont traverser six années d’horreur. Eric Liberge nous ouvre les portes de l’enfer dans une fresque qui déroule et décortique les méandres de l’esprit humain où, de petites compromissions en inhumanité totale, l’homme en arrive à la solution finale des camps d’extermination.

Par olivier, le 2 juin 2014

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Notre avis sur WOTAN # – Integrale

Louison, enfant amnésique, perdu en pleine débâcle, Etienne, étudiant qui se laissera un temps séduire par les thèses de l’Ahnenerbe, Yin Tsu, une photographe d’origine japonaise qui travaille pour le Louvre, trois individus, trois destins dans le maelström de la guerre.
A travers ces trois personnages, Eric Liberge aborde sans concession cette période trouble et sordide de notre histoire, replaçant l’humain au centre de cette gigantesque machine à broyer mise en place par les Nazis.
Le récit est dense, porté par un dessin et une mise en page nerveuse, où les images se mêlent, se superposent s’entrechoquent en un vertigineux tableau. L’âme humaine est prise au piège face à ces événements tragiques, héros ou salaud, la différence tient à peu de chose.
Le lecteur est emporté dans ce qui n’est plus vraiment la guerre, où deux armées s’affrontent, mais quelque chose de plus terrible, la mise en œuvre d’une politique abjecte qu’il dévoile et expose sans concession.
Œuvre de fiction, œuvre de mémoire, Wotan est les deux à la fois, des personnages pris dans la tourmente où chacun tente de survivre en défendant ses convictions.

Le récit est tellement subjectif qu’il est difficile de prendre de la distance, du recul face à la monstruosité et à l’ampleur des événements qui traumatisent l’Europe.
C’est un récit terrible, où l’individu est emporté dans un mouvement, une spirale atroce mais où le libre arbitre reste la clef de la liberté. Au milieu de toutes ces petites et grandes lâchetés et atrocités, Eric Liberge, qui évite l’écueil du manichéisme, exprime aussi un espoir, basé sur une réalité, celle du choix, de la bravoure et du sacrifice.

La fiction est tellement incrustée dans l’Histoire que cette fresque bouleversante, qui décortique les ressorts qui peuvent pousser l’humain aux pires extrémités, est portée par les personnages comme un témoignage sur le pire côté obscur des hommes.

Une magnifique série que Dupuis édite en intégrale et qui, alors que l’on s’apprête à commémorer le 70ème anniversaire du débarquement en Normandie, rappelle que la guerre ne se déroula pas que sur les champs de bataille.

Par Olivier, le 2 juin 2014

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