WOTAN
1939-1940

1939, Louison, enfant amnésique, est confié à une famille d’accueil. L’adaptation se passe très mal, de part son comportement violent, perturbé, il est rejeté par les enfants de la famille et fugue sur les routes de l’Oise.
Au même moment, un jeune artiste peintre, Etienne Murol, rentre à Paris après un séjour à l’académie de Vienne. Ses influences ont évolué et la culture nordique prônée et mise en spectacle par le nationalisme allemand a considérablement modifié sa vision de l’histoire.
Alors que l’armée allemande entre en France, jetant sur les routes des familles entières fuyant les combats, le destin de Louison et d’Etienne est, sans qu’ils le sachent, lié.

Par olivier, le 28 septembre 2011

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Notre avis sur WOTAN #1 – 1939-1940

Enfermé dans son amnésie, Louison extériorise son envie de briser les portes closes de sa mémoire par une violence extrême, uniquement tempérée par un ami imaginaire qui chevauche à ses cotés : le chevalier Du Guesclin.
Fuyant sur un coup de tête sa famille d’accueil, il se retrouve errant sur les routes de l’exode. Recueilli un temps par des gitans, il est à nouveau contraint de repartir, mais la guerre va brusquement de dresser devant lui, violente et meurtrière. Alors qu’il échappe au mitraillage d’une colonne de réfugiés, un char de la Wehrmacht lui barre la route et, spontanément, il se met à parler allemand.
La situation d’Etienne Murol ne semble guère plus brillante, mobilisé, il est affecté sur la ligne Maginot, l’avancée allemande oblige les soldats à se replier avec plus ou moins de discipline. Entre peur et sursaut d’humanité, son chemin et celui de Louison vont un temps se chevaucher, avant qu’il ne soit fait prisonnier et que son passé en Autriche ne vienne se dresser devant lui en la personne de Briksdall, son ancien ami et condisciple, noir SS de l’ahnenerbe.
Peut-être moins présente que les deux premiers personnages, Yin-Tsu, jeune photographe d’origine asiatique, est à la croisée de leurs destins. Amie d’Etienne, c’est à elle qu’il confiera le jeune Louison recueillit dans de tragiques circonstances.

Wotan est une œuvre dense, puissante où les destins des hommes se croisent et se consument.
L’écriture des dialogues est d’une précision et d’une justesse poignante. Tous les sentiments qui peuvent faire des hommes et des femmes des lâches ou des héros, des résistants ou des collaborateurs, sont ici finement analysés et mis en scène.
Eric Liberge nous replonge quelques 70 ans en arrière, recréant l’ambiance qui régnait sur une France partagée, divisée. Sur un arrière plan réaliste, fusionnant images de guerres et vie quotidienne, ses personnages vivent, aiment et se déchirent, ballotés par les événements.

Si le scénario est dense, le dessin ne l’est pas moins. Il faut se laisser emporter par ces cases à la construction soignée qui rythment le récit et guident le lecteur entre Histoire et fiction.
Le trait est fin, précis, élégant. Il offre aux personnages dureté ou douceur des traits sous fond de propagande, d’exil et de peur.

Dans ces heures sombres de notre histoire, trois personnages, trois caractères très différents vont vivre, survivre peut-être, au milieu du chaos vers une fin qu’Eric Liberge ne laisse deviner, laissant notre imagination travailler en attendant avec impatience les deux prochains tomes de cette magnifique et dramatique trilogie, murement réfléchie et superbement mise en image.

Par Olivier, le 28 septembre 2011

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