Portrait d’un hacker en série

Kévin Phenicle est un jeune américain qui a été incarcéré pour avoir semé la panique au sein de la société en déjouant illégalement la protection de systèmes informatiques. Adulé par certains, dénigré par d’autres, ce hacker a, pour atteindre cette fatalité, suivi un chemin qui, de par son génie, aurait pu être brillant mais qui, par choix, s’est malheureusement écarté de certains principes sociétaux. Dès son plus jeune âge, alors que Kévin subit les brimades de ses camarades d’école, il parvient à gruger son prochain en utilisant de petits stratagèmes illicites. Grâce à sa force de persuasion et son sens d’analyse hors pair, il arrive sans gros effort à truander la compagnie du téléphone grâce à l’usage de la fameuse Blue Box. Surnommé bientôt Boingflop, Kévin poursuit ses malversations de plus en plus sophistiquées électroniquement parlant, se dote de son premier TRS-80 et met au point, grâce à une programmation de pointe, des jeux vidéo codés et porteurs de virus qu’il revend sans vergogne. C’est le début d’un grand dérapage qui va le conduire pour la première fois en prison.

Par phibes, le 13 octobre 2013

Notre avis sur Portrait d’un hacker en série

Jeune dessinateur américain autodidacte qui, en France, a déjà fait ses preuves chez Emmanuel Proust avec The Beats, Ed Piskor revient cette fois-ci en solo sous l’égide de la maison Dargaud pour nous faire partager un one-shot traitant des fameux pirates informatiques autrement identifiés hackers.

Pour cela, l’artiste s’attache à narrer d’une manière certes modérée dans son déroulement mais assez précise, le parcours fictif d’un petit génie sans éclat apparent, Kévin, qui, dès son plus jeune âge et presque par jeu, a décidé de basculer dans un mode de vie hors la loi. S’appuyant sur une recherche documentaire avérée et s’inspirant des exactions commises réellement par six authentiques pirates, Ed Piskor nous dévoile les nombreuses phases d’une addiction rebelle de plus en plus tenace. Pour ce faire, il s’emploie à séquencer fortement son récit, alternant témoignages et tranches de vie du personnage central, présents et passés, dans une narration intimiste portée souvent par son ami Winston Smith. Il en ressort ainsi une histoire très fournie (parfois un peu redondante, parfois un peu confuse), qui, sans nul doute, se veut didactique sur le mode de vie, en marge de la légalité, choisi par ces surdoués de l’informatique et également sur les risques graves parfois violent encourus.

Côté dessins, Ed Piskor s’en tire très honorablement. Le trait en noir et blanc qu’il dispense, inspiré de celui underground de Robert Crumb, se veut limpide et très explicite. Malgré une certaine rigidité dans ses personnages qui n’est pas forcément préjudiciable, le dessinateur démontre haut la main qu’il sait aller chercher le détail au plus profond de ses vignettes.

Un portrait fort bien dessiné qui a l’avantage d’être cohérent sur un sujet de société récurrent et qui permet de passer, tout de même, un agréable moment de lecture.

Par Phibes, le 13 octobre 2013

Publicité