Wilson

Wilson est un homme d’une cinquantaine d’années. Seul depuis que sa femme l’a quitter pour un autre il n’a plus que pour compagnon sa chienne. Malheureux, il crache son aigreur au visage des inconnus qu’il croise au détour d’une promenade ou d’une rencontre fortuite dans le bus…

Par melville, le 14 août 2011

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Notre avis sur Wilson

Aux premiers abords Wilson semble marquer un tournant dans l’œuvre de Daniel Clowes. Mais à mesure que l’on progresse dans la lecture de l’album (et quand on connaît un peu l’œuvre de l’auteur), la « rupture » s’avère beaucoup moins évidente. C’est la construction sous la forme de courts récits humoristiques d’une page qui trompe. Car en fin de compte les différents « gags » mis bout à bout forment une histoire qui se tient. Certes elliptique (il peut se passer quelques jours comme plusieurs années entre chaque planche), Daniel Clowes construit un récit à part entière mettant en scène plusieurs personnages dont le principal, Wilson. L’impression de rupture peut être renforcée en feuillant l’album par le fait que chaque planche soit dessinée dans un style différent – chacun d’eux faisant référence à un courant graphique emprunté à plusieurs écoles et époques du comics. Daniel Clowes m’impressionne toujours dans ses choix de mise en scène. En quelque sorte, il réussit à capter l’essence de ce qui fonde une des branches du courant indépendant américain (recherche et expérimentation de la mise en scène, composante essentielle de la narration) tout en évitent brillamment l’hermétisme narratif qui peut parfois en découler. En cela réside le premier élément de continuité.

On entend parfois dire qu’à chacune de ses productions un artiste ne fait que réinterpréter son seul et unique grand projet. Ceci est assez vrai chez Daniel Clowes et achève d’inscrire Wilson dans le prolongement de David Boring (Cornélius) ou Le rayon de la mort (Cornélius). Wilson est un personnage aigri et misanthrope à la mauvaise fois débordante qui porte un regard teinté de cynisme et de fatalité sur le monde qui l’entoure.

Drôle et intelligent, Wilson dévoile sa profondeur aux amateurs de Daniel Clowes qui prendront le temps de la réflexion. Peut-être pas l’album le plus simple pour aborder l’œuvre de cet auteur majeur dans le courant indépendant américain, Wilson est un album à lire même pour les néophytes.

Par melville, le 14 août 2011

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