WET MOON
Volume 1

Au milieu des années 60, dans une ville balnéaire japonaise, la police est sur le pied de guerre, en effet une série de meurtres d’une extrême violence défraye la chronique. Quelques temps auparavant on avait retrouvé les morceaux d’un corps démembré et les soupçons s’étaient tout de suite portés sur la maîtresse de la victime… Sada, un jeune enquêteur avait alors laisser s’échapper la femme. Complètement obsédé par cette meurtrière qui lui rappelle la figure maternelle qui l’a jadis abandonné le jeune homme placarde partout dans la ville des portraits de cette femme qu’il ne parvient pas à attraper… D’autant plus qu’en parallèle il souffre d’une blessure à la tête qui l’a plongé un mois dans le coma, le débris métallique qui reste figé dans son cerveau provoque parfois des hallucinations et des pertes de mémoire…
Autour de lui, ses collègues se moquent de lui mais devine qu’il y a aussi un mystère qu’ils aimeraient bien élucider…

Par fredgri, le 13 mars 2015

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Notre avis sur WET MOON #1 – Volume 1

Depuis quelques temps je suis intrigué par Wet Moon de Kaneko (à qui on doit déjà Soil et Bambi !), ces couvertures très stylisées qui renvoient au polar des années 50/60, cette ambiance graphique troublante, d’une grande pureté de trait, très joliment mise en image ! Il fallait se lancer une bonne fois pour toute et franchement je ne regrette pas ce premier pas !

Atsushi Kaneko revient donc au travers du label manga de Catsterman, Sakka avec cette nouvelle série complète en trois volumes !
Au cœur du Japon des sixties, le jeune inspecteur Sata enquête autour du meurtre d’un ingénieur qui concevait d’étranges pièces pour un obscure programme spatial. La maîtresse de la victime, la secrétaire Kiwako Komiyama, prend peur et s’enfuit, alors que Sata était sensé la garder, devenant ainsi la suspecte numéro 1. On retrouve Sata un peu plus tard, effondré au milieu d’un terrain de sport, une énorme blessure à la tête qui l’entraîne dans un coma d’un mois. A son réveil, cette affaire, qui est pourtant élucidée depuis, commence malgré tout à l’obséder et il décide de rechercher très activement la mystérieuse Komiyama qui n’a toujours pas été retrouvée.
Cependant, sa blessure le fait souffrir et provoque même quelques hallucinations, voir même des pertes de mémoire qui l’inquiètent…

L’histoire commence donc avec une base des plus troublantes, entretenant un ambiance opaque fascinante.
On voit surgir régulièrement la figure de la Lune, tout d’abord dans l’alunissage des américains, dans la vision de cette Lune avec l’œil transpercé dans le film de Méliès, dans cette fable qui se veut rassurante qu’on raconte à un enfant abandonné par sa mère, dans ce dessin qui figure sur le cadenas qui ferme la porte de l’appartement de Sata, ou même dans ce numéro qu’animent des jumelles dans un cabaret louche de la ville… La Lune représente symboliquement l’élément feminin par opposition au Soleil qui représente le masculin. Et tout semble profondément tourné sur ce rapport qu’entretient Sala avec les femmes, sur cette quête à la recherche de la mère qui s’éloigne, de cette silhouette qui fuit, qui obsède le jeune homme tandis que progressivement il se laisse rattraper par les visions et les absences provoquées par sa blessure. Kiwako Komiyama représente bel et bien cet inaccessible visage qui le hante depuis son enfance !
En même temps, ses collègues complotent, on a parfois du mal à bien les cadrer, à bien comprendre quelles sont leurs intensions, si ce n’est la duplicité, ce côté sombre de l’humanité. Kaneko peine peut-être à complètement les caractériser jusque là, ils ne sont que des figures inquiétantes qui se jouent de Sala sans pour autant abattre toutes leurs cartes !

Dans ce récit la tension monte crescendo, Sala perd progressivement pied, néanmoins il reste peut-être celui qui est le plus proche du lecteur. Car comme lui on se laisse entraîner dans cette histoire, on découvre les lambeaux qui se dévoilent au fur et à mesure, le puzzle semble se révéler parfois pour voir surgir une nouvelle fausse piste… C’est incroyable. Car même dans le parcours de Sala il y a énormément de zones énigmatiques. Quel est le rôle du jeune homme d’ailleurs. Plus on continue cette lecture plus il apparait évident que ce qu’il ignore de ses moments sans mémoire risque d’influer sur le reste de l’intrigue !!!

Le scénario est donc très intense et captivant. La narration est exemplaire et sans temps morts. Peut-être accumule t il beaucoup de séquences qui entretiennent le mystère, un peu à la façon de Lynch ou Burns, mais le résultat final est très intéressant, nous donnant envie de vite découvrir la suite…

Ce premier volume de Wet Moon bénéficie d’ailleurs d’une très belle édition qui s’ouvre sur des planches en couleur magnifiques et une couverture à la texture très intrigante !

Recommandé !

Par FredGri, le 13 mars 2015

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