VOYAGES DU DOCTEUR GULLIVER (LES)
Livre 3

La famille Gulliver au complet sur la plage profite de l’instant, joue au badminton sous un magnifique soleil. Mais les vacances ne durent toujours qu’un temps : De Rougemont, le maire despotique de la ville, prend de plus en plus de liberté et expulse sans scrupule les habitants pauvres au profit de constructions lucratives. Le docteur a dès lors beaucoup de travail entre ses patients ponctuels et ses visites quotidiennes à l’hospice Saint Leu. En parallèle, le MPCO (Mouvement Pacifiste Contre l’Oppression) organise une grande manifestation de la classe ouvrière, un dimanche, le premier jour de l’automne. Une autre bataille est importante, celle de Clémence contre Lemuel (Gulliver) au badminton. Elle avait tout l’été pour battre son mari et gagner un voyage, en vain. Mais il reste un dernier jour avant le début de l’automne…

Par Placido, le 16 mai 2010

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Notre avis sur VOYAGES DU DOCTEUR GULLIVER (LES) #3 – Livre 3

Difficile d’exprimer ce que l’on ressent à la lecture de ce troisième tome de Gulliver. C’est un peu comme si on faisait une petite sieste, bien paisible, sur le sable chaud. C’est une BD très atypique, avec un ton bien particulier. Elle fait immédiatement penser à un livre pour enfant, car l’ambiance, le dessin et les dialogues ont un côté enfantin. Mais n’ayez crainte, le Docteur Gulliver et sa douce Clémence sont bien à la hauteur de nos espérances !

La sieste débute sur la plage, baignade, pique-nique et partie de badminton au programme. Rien ne semble perturber cette belle famille qui s’est récemment agrandie avec l’arrivée de Lucy. Rien sauf peut-être ce nuage statique qui interpelle notre docteur, lui qui a toujours autant la tête en l’air. De l’autre côté de la ville. De Rougemont & compagnie se marrent. Un peu. Le mouvement de grève qui les effrayait tant dans le deuxième tome semble toucher à sa fin, l’armée aidant. On passera d’ailleurs plus de temps qu’à l’accoutumé avec cet affreux De Rougemont prenant un malin plaisir à réduire en miettes toutes les habitations de la ville pour construire des casinos ou de grands complexes immobiliers.

Puis notre sieste prend plus de corps, on commence à rêver avec l’apparition de ces mystérieuses étoiles aux yeux bleus… On suivra ces étoiles tout au long de l’album, au rythme des visites du docteur chez ses patients et celles de Clé au Mouvement Pacifiste Contre l’Oppression. Au fur et à mesure que l’on avance, on ressent une tension grandissante se mettre en place. Pas une tension nerveuse, mais plutôt un genre de force mystique. Cela part du discours prophétique d’Onc’Midi (un patient) jusqu’à la préparation de l’armée à faire feu devant la foule manifestante du MPCO. Le temps se gâte, les nuages s’assombrissent, De Rougemont semble monter en puissance, et Clé est mélancolique : le dernier jour de l’été s’est terminé et c’était l’ultime instant où elle pouvait encore prétendre battre son mari au badminton afin de gagner un voyage. Mais cette tension qui aurait pu faire virer notre paisible sommeil au cauchemar s’estompe rapidement et on se réveille de la façon la plus agréable qu’il soit : avec le bruit des vagues en fond et un chaleureux soleil, un dimanche après-midi…

Le dessin n’a pas changé. Légèrement caricatural, il colle toujours aussi bien au ton du récit.

Calme, reposant, poétique et onirique. Voilà de quoi est fait ce dernier voyage du Docteur Gulliver. Kokor a toujours eu cette grande capacité à nous faire rêver, à inventer des histoires d’une simplicité étonnante et pourtant tellement belles.

Par Placido, le 16 mai 2010

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