Le voyage de Phoenix

Kim est un enfant coréen, adopté par une famille à New York. Jennifer est une jeune américaine, elle n’a jamais connu son père, et le sujet est devenu tabou. Quand bien même, Jennifer se lance sur la trace de son père, afin d’en apprendre davantage sur cet homme qu’elle n’a jamais connu. Les histoires de ces deux personnages se croisent, sans jamais se mêler. Pourtant dans la souffrance, la lutte, et la renaissance, l’histoire du petit Kim et celle de Jennifer se font écho.

Par Clémence, le 26 octobre 2015

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Notre avis sur Le voyage de Phoenix

Les deux récits sont très ancrés dans la réalité, avec un contexte historique bien noir : Le conflit sanglant entre les deux Corée, qui a fait de nombreuses victimes. Comme des ronds dans l’eau, ce conflit des plus meurtriers a des répercussions sur tous les personnages, de manière plus ou moins directe.

Kim, le petit orphelin un peu sauvageon se laisse finalement apprivoiser par sa nouvelle famille américaine. La famille recomposée est débordante d’amour pour le petit garçon, et Aron, le père, s’investit totalement dans cette nouvelle relation, au détriment sans doute de sa première famille, et de sa fille Chelsea.
Jennifer est une jeune femme, dont le père soldat est absent. Jennifer ressent ce manque à plein, d’autant plus que la mystérieuse disparition de son père est un sujet de discussion interdit. Jennifer se lance alors dans une véritable enquête pour retrouver son père depuis la Corée, là où l’armée américaine a perdu sa trace.

Jung s’attaque à des thèmes toujours forts, ici la tragédie humaine et la perte d’identité. Les interrogations des personnages sur leurs racines et leurs origines soulèvent de nombreuses questions pour le lecteur. Entre coïncidences et accidents, que maîtrise -t-on vraiment?

Le choix du noir et blanc donne un style graphique sobre mais profond, un choix judicieux pour des histoires parfois terribles, toujours émouvantes. Jung laisse fleurir l’émotion à chaque page, entre tendres images maternelles et noirceur du passé.

Les deux récits enchâssés demandent une lecture dynamique, et laissent au lecteur le soin de lier par l’émotion les histoires distinctes, qui finalement s’entremêlent dans notre esprit. On oscille entre toutes les émotions, la tendresse et la chaleur d’une part, la colère et la douleur de l’autre, c’est là toute la maitrise de Jung qui se révèle. Les récits sont d’une grande crédibilité, les thèmes les plus difficiles sont toujours abordés au travers de l’experience des personnages. Jung suggère avec subtilité les tragédies les plus sombres, mais ne laisse pas le lecteur se morfondre dans un désespoir vain.

En effet, on nous suggère sans doute de l’espoir dans la conclusion douce-amère de cette quête identitaire, avec cette belle image du Phoenix, symbole de la renaissance : Peut-on vivre plusieurs vies?

Une très belle lecture à découvrir sans hésiter.

Par Clémence, le 26 octobre 2015

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