VOYAGE AUX OMBRES
Voyage aux ombres - N&B

Au cœur de la contrée du Darshan, la sémillante Dyssëry a été promise au riche artisan Phorée. Mais le cœur n’y est pas car la jeune fille, du haut de ses 17 ans, n’est pas, au grand dam de sa sœur Nat-Trun, prête à cet engagement qui l’éloigne inévitablement de son amour du théâtre. Le soir de la bénédiction devant Durahä, la jeune mariée ne peut supporter sa situation de soumise et se suicide. Son acte désespéré lui ouvre inévitablement les portes du Val des ombres, le lieu où se retrouvent toutes les âmes des personnes mortes. En cet endroit qui prouve qu’il y a une vie après la mort, la jeune femme va devoir réfléchir sur son avenir et pourquoi pas, assouvir son irrésistible envie théâtrale. Mais c’est sans compter sur les créatures mortifères qui hantent le Val et également sur l’intention immuable de Phorée de retrouver sa dulcinée en franchissant de son vivant la porte des Dieux.

 

Par phibes, le 9 mars 2011

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Notre avis sur VOYAGE AUX OMBRES # – Voyage aux ombres – N&B

Dans le cadre de l’exploration du monde de Troy, Christophe Arleston et Audrey Alwett ont décidé de faire un zoom sur l’un de ses nombreux territoires, à savoir sur celui du Darshan. Pour ce faire, les deux auteurs, fortement inspirés par cet univers onirique initié en 1994, se font les conteurs d’une nouvelle aventure qui se déclinera, pour ce mois de février 2011, en un seul volume publié en noir et blanc (tirage spécial en préambule de celui colorisé prévu en mai prochain).

Dès les premières pages, le doute s’installe. En effet, au regard de la gravité ambiante antiféministe, on peut se poser la question si cette fois-ci, les auteurs ont décidé de jouer à fond la carte du drame. Y aurait-il donc en ce monde de Troy régi par la magie, une contrée où il ne fait pas bon rire ? C’est mal connaître Christophe Arleston et Audrey Alwett, qui, après avoir planté leur décor certes dramatique édifié sur les malheurs conjugaux de leur héroïne Dyssëry, repartent pour des péripéties rocambolesques auxquelles ils nous ont déjà habitué, et également multi dimensionnelles.

A cet égard, ils nous présentent, de par l’imprégnation religieuse du Darshan, ce qui se passe du côté du Val des ombres (sorte d’enfer), et le moins que l’on puisse dire et voir, c’est que ce n’est pas triste ! En effet, il y a de la vie après la mort et quelle vie ! Le Val des ombres est un univers grouillant de créatures fantastiques (momies, goules, vampires, zombies, dragons…) et même de diablotins en l’occurrence Zebl (qui nous réservera bien des surprises au vu de ses réactions plutôt légères et de ses transformations) au contact desquelles votre âme peut être pervertie. De même, afin d’animer d’avantage leurs cieux infernaux, les auteurs les rendent accessibles au commun des mortels les plus motivés. De fait, l’interaction qui en découle est originale et des plus irrésistibles.

Le ton est donc humoristique à souhait, porté par des dialogues ciselés par un duo au faîte de son talent. On sourit généreusement sur les mésaventures féminines de Dyssëry poursuivie par un mari volontaire et un diablotin un tantinet obsédé.

La magie de cet album passe aussi par le délicat travail de Virginie Augustin (Alim le Tanneur) qui nous régale de son encrage on ne peut plus fourni. Si la représentation de ses personnages est assez épurée, ses décors aux ambiances moyenâgeuses nippones, de grande qualité, révèlent un très gros travail dans leur évocation. Cette dessinatrice excelle dans les moments où la tension est la plus forte, en présentant des créatures impressionnantes, dans des aplats de noirs qui confortent la sensation de puissance. A ce titre, le cahier graphique annexé en fin de récit est le reflet des nombreuses études qu’elle a dues mener pour arriver à un tel résultat.

Un tirage spécial en noir et blanc d’une énième aventure sur le monde de Troy qui reste dans l’esprit général de la grande saga. Un bon moment de lecture pour les aficionados !

 

Par Phibes, le 9 mars 2011

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