La voie ferrée au-dessus des nuages

 
Monsieur Li est passionné par l’histoire de son pays la Chine et est à ce titre sans arrêt en quête d’anecdotes à consigner et de petits objets à collectionner. Un jour, à Kaiyuan, il va entendre parler d’un cimetière d’étrangers, va être intrigué par cette information et tenter d’en savoir plus. Ses recherches lui feront découvrir sur le terrain et dans les pages d’un ouvrage de référence ce que fut la pharaonique entreprise de la construction de ce que l’on appelle désormais la ligne de chemin de fer du Yunnan…
 

Par sylvestre, le 3 décembre 2013

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Notre avis sur La voie ferrée au-dessus des nuages

 
Le Monsieur Li de l’histoire n’est autre que Li Kunwu, l’auteur de ce manhua. Il se met en scène dans sa bande dessinée et nous invite ainsi à ses côtés dans ses recherches plutôt que préférer nous raconter l’histoire de cette "voie ferrée au-dessus des nuages" en romançant la vie de personnes ayant à l’époque participé à sa construction.

L’avantage est triple : un, l’auteur nous renseigne sur lui-même et sur son état d’esprit, sur sa démarche de chercheur et d’artiste. Deux, il nous raconte l’histoire avec le recul, les imprécisions et les suppositions que l’exercice peut induire plutôt que nous présenter les choses en nous les donnant pour garanties. Enfin, il donne toute sa place (en lui rendant hommage) à une de ses principales sources : le livre intitulé Un chemin de fer au Yunnan – L’aventure d’une famille française en Chine ; et à son auteur ainsi qu’à son illustre parent par la même occasion.

La BD se découpe en quatre parties. Il y a d’abord la découverte de l’existence d’un "cimetière des étrangers" qui attise la curiosité d’un Monsieur Li avide de tels mystères. Il y a ensuite le récit de l’excursion qu’il fait sur le tracé du rail, véritable fil conducteur de l’enquête que mène l’auteur. Arrive ensuite la lecture du livre qui apportera bien des réponses à notre limier, suivie par un chapitre de conclusion.

On sent à la lecture de ce manhua le travail d’archiviste auquel a dû se livrer Li Kunwu. On sent le temps et l’énergie qu’il a dû donner. Nos yeux aussi sont ouverts sur l’importance de la connaissance, voire de la maîtrise des langues étrangères. Mais surtout, on en apprend tant et plus sur cette mythique – mais fort méconnue chez nous – ligne de chemin de fer transfrontalière reliant le Vietnam à la Chine.

Personne ne semble savoir quoi que ce soit sur ce cimetière qui intrigue tant Monsieur Li. Ses interlocuteurs semblent même souvent vouloir éluder la question ! Leur comportement est sans doute celui que ceux qu’a rencontrés Monsieur Li ont eu face à lui et à ses questions ; cet état de fait se révèle en même temps être un bel outil scénaristique pour faire grandir la curiosité du lecteur !

Comme je l’écrivais plus haut, un livre est au centre du récit : un livre écrit par un descendant du Français Georges-Auguste Marbotte qui a suivi la construction de la ligne Haiphong-Kunming au tout début du vingtième siècle et qui en a pris des centaines de photos formant aujourd’hui un inestimable témoignage sur les prouesses techniques de l’époque mais aussi sur la Chine et ses fonctionnements dans le regard d’un Français installé là-bas. On comprendra que Li Kunwu s’est beaucoup imprégné de ces photos et des écrits auxquels il a eu accès pour réaliser sa très intéressante bande dessinée. Et qu’il en a reproduit de nombreuses ; qu’on distingue par le gris dans lequel il a baigné les vignettes en question quand les autres dessins sont classiquement en noir sur blanc.

Un chemin de fer au Yunnan – L’aventure d’une famille française en Chine n’est plus disponible sur internet ? Réjouissez-vous : la lecture de La voie ferrée au-dessus des nuages vous en offrira un très bel aperçu : cette BD est le formidable travail réalisé par un passionné sur la base de documents produits par un autre passionné et mis en valeur par un troisième… à votre attention de lecteurs que ce retour dans l’Histoire, sans nul doute, passionnera !
 

Par Sylvestre, le 3 décembre 2013

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