Catwoman, Lonely City

(Catwoman, Lonely City 1 à 4)
Il y a dix ans… Gotham est soudain plongé dans la "Fool’s Night" provoquée par le Joker, une nuit qui dérape pour finir en véritable massacre, coutant la vie de Batman lui même et amenant la ville à déclarer hors-la-loi les vigilants. Catwoman est alors emprisonnée. À la mort de son père, Barbara Gordon se lance dans la politique, tandis qu’Harvey Dent en profite pour devenir maire et créer une armée privée qui va instaurer une paix forcée et durable, à grand renfort d’incessantes patrouilles qui sillonnent la ville, multipliant les contrôles d’identité et les intimidations.
Quand Selina sort de prison, la ville a beaucoup changé, dorénavant dirigée par la loi martiale, alors que les prochaines élections se tiendront dans deux mois… Malgré les menaces de Dent qui lui conseille de ne plus redevenir Catwoman, elle entreprend de creuser une vieille piste que lui a laissé Bruce avant de mourir: "Orpheus"… Peut-être trouvera-t elle des réponses dans la Batcave, mais pour cela il va lui falloir réunir des fonds et une équipe…

Par fredgri, le 2 janvier 2023

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Notre avis sur Catwoman, Lonely City

"Catwoman, Lonely City" est certainement l’excellente surprise de cette année, une mini-série qui s’intègre parfaitement dans le Black Label de DC, grand format, ne s’inscrivant pas forcément dans la continuité classique de l’univers DC.

Pour l’occasion, nous retrouvons Cliff Chiang, tout frais émoulu de Paper Girls, qui se charge en solo de cette histoire qu’il écrit donc, dessine, lettre et met en couleur. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il mène sa barque avec brio, tant l’écriture est fine et les psychologies justes.

Il est ainsi question d’une Catwoman légèrement vieillissante qui se rend compte que pendant ses dix ans d’incarcération la ville s’est radicalisée sous les mandats successif du maire Harvey Dent. Il a renforcé les forces de police qu’il a privatisées tout en déclarant les héros de la Bat Family hors-la-loi. Quand l’histoire commence, la ville se prépare pour les prochaines élections municipales. Les sondages annoncent que la popularité de Dent est au plus bas, d’autant qu’il se retrouve face à Barbara Gordon, la fille du légendaire Commissaire, héros de Gotham. Cependant, Selina ne s’intéresse plus à tout ça, elle ne veut plus jouer les héroïnes, seule une idée la tient, découvrir le sens des derniers mots que Bruce lui chuchota à l’oreille avant de mourir: "Orpheus".

Cliff Chiang se réapproprie avec beaucoup d’habileté cet univers Batmanesque, jouant avec le passé, les premières rencontres, les moments ou, devant le carnage de la "Fool’s Night", Bruce et Selina envisagent de finir leur vie ensemble, et le présent lorsqu’elle repense à ce qu’elle a perdu, à ce qu’est désormais sa vie, sans Bruce, sans but dans la vie. Il y a beaucoup de justesse dans ces portraits de complices vieillissant qui se retrouvent et évoquent le passé, loin des grands affrontements, qui organisent leur opération en s’entraînant, bien conscients de ne plus avoir la forme d’avant.
Toutefois, le récit évite aussi d’être trop évident dans son déroulement. Certes Selina progresse, mais elle doit sans cesse s’adapter aux évènements, recomposer avec une réalité ou elle n’a peut-être plus trop sa place, sans vraiment savoir ce que la Batcave lui révèlera, au final.

En marge du traitement "Bimbo" que les éditeurs de DC lui réservent dans son propre titre, Catwoman se dévoile bien plus subtile et touchante dans ces projets annexes (comme dans l’incroyable maxi-série "Batman/Catwoman" de Tom King), une anti-héroïne assez ambigüe, c’est vrai, mais avec une vraie éthique qui la rend à la fois complexe et fascinante.
Sous la plume de Cliff Chiang, Selina gagne en profondeur, une femme qui a la cinquantaine, hantée par son passé, mais avec une vraie force intérieure. Magnifique !

Graphiquement, l’artiste est au sommet de son art. Dans la foulée de ce qu’il pouvait déjà proposer sur Wonder Woman, il s’est débarrassé des effets trop esthétiques pour gagner un encrage sec et plein de vie. Sa Catwoman n’est plus la femme ultra sexy que l’on connait, mais une femme assurée qui a de la prestance, du caractère. Les planches sont sublimes et parfaitement mises en scène !

Une lecture vivement recommandée !

Par FredGri, le 2 janvier 2023

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