Le Japon révélé

 
Les Japonais disent des étrangers qu’ils sont des "gaijin", ce qui signifie littéralement "la personne en dehors". Ce terme a une certaine connotation négative puisqu’il maintient justement l’étranger en marge par cette appellation étiquette qu’on lui colle et qui n’appelle aucune volonté de le voir s’intégrer. Or, ce terme peut également appeler à une certaine indulgence à l’égard de l’étranger : on considérerait en effet au Japon que l’étranger n’est jamais complètement responsable des impairs qu’il commet en société parce que justement, en qualité d’étranger, il ne peut pas connaître sur le bout des doigts les traditions et les bonnes manières au Japon…

Cliché ? Oh, vous savez, les clichés vont bon train entre les Européens et les Japonais ! Dans ce recueil de strips, c’est à travers le regard d’un personnage appelé Gaijin-san (Monsieur l’étranger) que nous est montré le Japon. Des choses qu’on savait, des choses qu’on apprend, des choses parfois étonnantes !

Le Japon vu par les Occidentaux…
 

Par sylvestre, le 30 juin 2013

Notre avis sur Le Japon révélé

 
Le dessin dans cet ouvrage n’est pas des plus aboutis. C’est certes sans prendre de pincettes et en sachant que c’est blessant pour l’artiste que je le déclare, mais vous reconnaîtrez que le style graphique de Atsuko Koga, comparable par exemple à celui, épuré, de Yoriko Hoshi dans sa série Nekomura-san, n’est ni super joli, ni vraiment régulier et s’apparente, avec ses approximations anatomiques et ses compositions minimalistes à un travail graphique d’écolier… Le fait est que si le dessin offre un support au propos, c’est bien ce dernier qui est à considérer comme étant l’élément le plus important dans cet ouvrage.

Ce livre Visions of Japan est un petit ouvrage broché de 128 pages tiré à seulement 500 exemplaires. Projet associatif, il est imprimé en noir et blanc et sa plus grande particularité est sans conteste qu’il est un ouvrage trilingue anglais, français et japonais. Commençant avec une petite préface expliquant ses objectifs, le livre fait ensuite la part belle aux strips qui sont eux-mêmes suivis de succinctes notes explicatives complémentaires aidant le lecteur à une meilleure compréhension de certaines subtilités.

Quid de ces strips ? Un ou deux usurpent un peu leur place dans le lot pour être des gags qu’on a vus ailleurs dans d’autres contextes (je pense notamment aux samouraïs coupant en plusieurs morceaux des mouches avec leurs sabres ; le genre de blague qu’on a vu circuler sur internet). Certains laissent dubitatifs, ils ne sont pas assez clairs. Et certains enfin peuvent désorienter à cause d’une lacune de la traduction (allez comprendre un gag en une image où un texte en japonais est le cœur du gag mais où la traduction dudit texte n’est pas donnée et où le dessin ne permet pas de comprendre !…) Mais malgré cette attaque en règle que je fais, sachez que ces strips sont somme toute dans leur majorité agréables à lire et nous révèlent un Japon (culturel, social, politique) qu’on ne soupçonne pas toujours… Les clichés sont de mise, ils font partie intégrante du rapport qu’ont les uns aux autres. Vous ne serez donc pas étonné de voir le gaijin représenté grand, blond et mal rasé et certains Japonais obnubilés par leur travail !

Quelques photos viennent occuper une page ou l’autre, à l’occasion. Un dessin de la traductrice apparaît aussi éventuellement au détour d’une autre. Ces petites originalités dans une formule sinon classique (mise bout à bout de différents gags indépendants) soulignent la volonté des auteurs de réaliser quelque chose d’original et de surprenant. Et à leur niveau, le pari est réussi.

Xavier Gros, le scénariste, est un scientifique français qui a vécu un peu plus de deux ans au Japon et a y apprécié son expérience d’expatriation au point de continuer de vouloir faire connaître le pays du soleil levant autour de lui ; notamment par la bande dessinée, le manga étant un vecteur de communication très important au Japon. Ses co-auteurs (la dessinatrice et la traductrice) sont deux Japonaises. Ensemble, ils représentaient et promouvaient au début des années 2000 la "Manga International Association" dont cet ouvrage est une publication.
 

Par Sylvestre, le 30 juin 2013

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