VIOLETTE MORRIS À ABATTRE PAR TOUS LES MOYENS
Première comparution

Département de l’Eure, septembre 1945. La police est appelée pour exhumer les corps d’une famille éliminée par la Résistance et enterrée dans la cour d’une ferme. L’ancienne avocate Lucie Blumenthal, devenue détective privé, spécialisée dans la recherche de personnes disparues, se rend sur place. Surprise, un sixième corps est retrouvé. Il s’avère qu’il s’agit de celui de Violette Morris, célèbre championne multisports, connue pour son homosexualité et son caractère bien trempé.

Violette Morris était soupçonnée, durant la guerre, d’intelligence avec les nazis. Mais Lucie Blumenthal se demande si, surtout, sa personnalité ne dérangeait pas nombre de personnes. Elle décide de mener sa propre enquête.

Par legoffe, le 20 octobre 2019

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Notre avis sur VIOLETTE MORRIS À ABATTRE PAR TOUS LES MOYENS #1 – Première comparution

Kris et Galic reforment le duo qui a déjà si bien fonctionné pour d’autres bandes dessinées (dont le très intrigant « Nuit noire sur Brest » ou le magnifique « Un maillot pour l’Algérie »). Kris est aussi scénariste de nombreux autres excellents albums dont il serait difficile de faire la liste, dont une bonne part sont des récits historiques.

Après un tel parcours, il n’est pas étonnant de les voir s’atteler au destin d’une femme hors du commun, Violette Morris. Un corps impressionnant, des manières et des aspirations masculines… Il ne fait aucun doute que sa personnalité a détonné et dérangé à l’époque.
Il lui a fallu une détermination sans faille et un tempérament de feu pour passer outre les préjugés et s’imposer de longues années durant dans ce qui la passionnait le plus : le sport.
Cette Normande, qui a grandi à Orbec, près de Beuzeville, va s’adonner à la boxe, à l’athlétisme, à la natation, au football, aux sports automobiles… Elle décrochera une impressionnante collection de titres nationaux et internationaux.

Celle qui n’avait pas peur des stades n’était pas non plus du genre à se cacher des bombes. Elle s’engagea ainsi dans l’Armée durant la Grande Guerre, au service des ambulances.

Dès lors, comment cette femme a-t-elle pu, quelques années plus tard, devenir la collabo qu’il faut abattre ?

C’est à cette question que les auteurs tentent de répondre à travers l’enquête de Lucie Blumenthal. Ils cherchent, également, à dépeindre le plus fidèlement la personnalité de Violette et son parcours hors normes. Le livre va, ainsi, du passé au « présent » (c’est à dire en 1945, lorsque Lucie enquête), dévoilant des épisodes clé de la championne déchue. Les auteurs ont, bien sûr, romancé l’histoire, imaginant situations et dialogues pour rendre le plus vivant possible le récit.

Ce premier volume nous entraîne dans son parcours jusqu’en 1920.
Et le résultat est là : une BD intense, qui – au delà d’un portrait de femme atypique – parle de la lutte pour le droit des femmes à l’égalité avec le « sexe fort ». En cette première moitié du XXe siècle, le chemin restant à faire était long, très long ! L’occasion aussi de voir comment la révolution des moeurs lors des années folles va être progressivement étouffée par une société redevenue très conservatrice à l’approche de la Seconde Guerre Mondiale.

Graphiquement, la maîtrise est aussi au rendez-vous. Il faut dire que Javi Rey n’est pas le premier venu. C’est propre, net, vivant, plein de caractère. Le dessinateur donne à l’héroïne toute la force et la présence qu’elle mérite, le tout dans une jolie mise en couleur.

Le livre est complété par plusieurs pages documentaires sur la jeunesse de Violette Morris et sur ses premiers exploits sportifs. Un dossier très bien écrit, qui permet de mieux comprendre certains aspects qui sont évoqués dans les planches.

Je n’ai qu’une hâte, pouvoir découvrir la suite. Cet album est non seulement un portrait assez attachant – qui nous pousse souvent à crier à l’injustice – mais aussi une vraie réflexion sur la place de la femme dans la société d’alors. On applaudit la performance du quatuor d’auteurs !

Par Legoffe, le 20 octobre 2019

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