La ville copiée

Leo Lander voit sa carrière d’architecte stagner, sa femme ne se gène pas pour le lui reprocher, d’ailleurs. Ainsi, quand un de ses anciens camarades, Hans Romer, devenu un véritable magnat de l’immobilier en Chine, lui demande de le rejoindre pour l’aider à construire une copie exacte de la ville de Zurich à Kunming, il n’hésite pas un instant, même s’il ne saisit pas réellement la portée de cette décision, ni même dans quel pétrin il vient de se fourrer ! Une fois arrivé sur place, il rencontre la belle Meilin Chen qui l’accompagne vers Hans…

Par fredgri, le 22 mars 2016

Notre avis sur La ville copiée

J’ai découvert le travail de Matthias Gnehm il y a plus de dix ans, au travers de ses deux albums "Mort d’un banquier" parus chez Emmanuel Proust. Son univers graphique m’avait beaucoup impressionné, ne serait-ce que pas la personnalité qui s’en dégageait, par la richesse de ses textures, sans compromis et par la science de ses cadrages extrêmement précis !

Évidemment, ce graphisme est très particulier, il demande un regard ouvert, une curiosité. Mais personnellement, je me suis laissé emporter dès les premières cases dans cet enchaînement de planches, en suivant ce Léo Lander au fur et à mesure de son étrange périple !
Et le scénario de Gnehm est du même ressort, il faut accepter de se laisser porter, quitte même à perdre un peu pied parfois ! Le récit est très précis, lui aussi, mais très vite on se rend bien compte qu’il reste des zones de flou, des ellipses un peu étranges, une sorte de léger voile opaque qui rend la lecture de cette histoire des plus étranges !

Léo est un architecte en situation d’échec, son ami, au succès retentissant, lui tend la main, et dès le début lui fait bien comprendre qu’il garde le contrôle sur tout ce qui entoure de près ou de loin Léo, allant même jusqu’à lui reconstruire l’exacte réplique de son appartement (suivant les conseils de sa femme restée en Suisse) ! A aucun moment l’architecte ne peut inverser la balance et quand tout bascule, soudainement, il ne peut espérer de l’aide de qui que ce soit. Léo Lander ne prend pas conscience de l’engrenage dans lequel il vient de se jeter, une machine qui va le broyer, sans une seule hésitation !
Ce récit nous propose donc de suivre les principales étapes de cette lente chute, sans que nous même ne puissions réellement voir les choses arriver, si ce n’est au travers de petits détails dans les coins ! C’est très intelligemment mené, avec une vraie habileté scénaristique, on a juste du mal à parfois comprendre la morale de cette histoire, pourquoi Léo ? Pourquoi cette ville copiée au centre du récit ? Bien que "La copie" soit au centre de l’intrigue, comme une succession d’illusions, de faux semblants qui entretiennent Léo dans cette fantasmagorie qui tourne au cauchemars !

On en ressort quelque peu dubitatif tout de même, comme s’il nous manquait quelque chose, au final, sans pouvoir pointer le doigt sur la réponse !

Un album troublant et fascinant, au rythme nonchalant !

Par FredGri, le 22 mars 2016

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