VIDOCQ
Le cadavre des Illuminati

En avril 1814, Napoléon renonce à sa charge impériale. Quelques semaines après, Louis XVIII entame son règne. Afin de prouver sa valeur au sein des services de la Police vis-à-vis du nouveau préfet, Vidocq est envoyé par son supérieur le directeur sur une affaire insolite. En effet, le cadavre d’un homme nu décapité a été découvert flottant sur la Seine aux abords de l’Hôtel-Dieu et remis entre les mains du professeur Dupuytren. Au-devant de ce dernier qu’il n’apprécie guère, le chef de la Sureté glane les premiers indices. L’individu, non identifiable, est sodomite, a subi des sévices horribles et portait une chevalière faisant penser qu’il appartenait à un groupe occulte, les Illuminati. Eu égard à ces éléments qui lui laissent à penser que l’affaire sent le coup fourré, Vidocq entame ses recherches en faisant appel à ses équipiers. Il se décide d’aller fureter dans les « canapés », maisons closes où les homosexuels de la bonne société se retrouvent…

Par phibes, le 8 novembre 2019

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Notre avis sur VIDOCQ #3 – Le cadavre des Illuminati

Pour la troisième fois, Vidocq, personnage emblématique de la fin 18ème/début 19ème, se retrouve dans les bacs grâce à l’inspiration du généreux scénariste Richard D. Nolane et du dessinateur émérite Sinisa Banovic. En effet, le fameux chef de la Sureté de la préfecture de police de Paris est à nouveau sur la brèche et se doit de déjouer une sombre machination criminelle.

Cet épisode est on ne peut plus captivant à suivre. En effet, il a tout d’abord le privilège de bénéficier d’une densité extraordinaire grâce à la mise en place d’une intrigue particulièrement profonde et tortueuse. A ce titre, Vidocq, très organisé dans ses réseaux et surtout dans la façon d’analyser toutes les situations auxquelles il fait face, nous entraîne dans des circonvolutions aux accents horrifiques, loin d’être linéaires, riches en rencontres, aux ambiances bien prégnantes et aux rebondissements somme toute efficaces.

Le travail sur les dialogues est aussi à saluer. Plutôt fournis, ces derniers dénotent une structuration sans faille. Richard D. Nolane donne réellement l’impression de démouler son récit sans difficulté, dans un développement soutenu par des textes particulièrement instructifs.

Enfin, cette affaire profite d’une base historique des plus solides. Sur ce point, nombreux sont les rappels à l’Histoire de la France sous le nouveau règne de Louis XVIII. Usant pour cela de l’identité de personnages ayant réellement existés (Vidocq étant le premier), il rend son intrigue plausible, ce qui, en soi, augmente son intérêt.

Côté dessins, Sinisa Banovic fait un travail remarquable rehaussé par une colorisation superbe. Là aussi, l’effort documentaire se ressent au travers de la restitution de Paris au 19ème avec ses monuments religieux, administratifs, ses quartiers tout comme les superbes intérieurs des demeures bourgeoises, des hospices… Pareillement, ses personnages ont un réel charisme à la faveur des tenues d’époques qu’ils arborent. Leurs expressivités sont bien gérées et traduisement comme il se doit les situations dans lesquelles ils se trouvent.

Un très bon épisode qui rend hommage avec force à un limier plein de ressources. Aussi, on en redemande !

Par Phibes, le 8 novembre 2019

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