STRAY BULLETS (VF)
Volume 1

(Stray Bullets 1 à 14)
Séquence nocturne, on est en 1997, une voiture roule, deux hommes, un jeune, Joey, un plus âgé, Frank, et dans le coffre, le corps d’une jeune femme. Joey est nerveux, il se sent observé, menacé, il a le sentiment que tous veulent lui prendre la jeune femme, il s’énerve facilement, sort son arme et n’hésite pas à tirer… La situation dérape, c’est un carnage…
1977, sortie du cinéma, Jill profite des petits moments entre les bras de son amoureux, tandis que sa petite sœur, Amy est le témoin d’un meurtre dans une ruelle. A la maison, c’est systématiquement le conflit, Amy ne supporte plus sa mère et souhaiterait que son père soit davantage là. Elle glisse progressivement dans un univers de violence…
1980, le petit Joey accompagne sa mère Rose à une soirée, tout le membres du gang de Harry sont là, Beth arrive avec son amie Nina, ils rigolent, boivent et font des conneries, irrémédiablement…
1978, Amy fugue une première fois. Elle commence alors à imaginer les aventures d’Amy Bolide, l’aventurière de l’espace…

Par fredgri, le 14 avril 2019

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Notre avis sur STRAY BULLETS (VF) #1 – Volume 1

C’est difficile de résumer les 14 premiers chapitres de cette incroyable série, tant les multiples récits se croisent, se complètent et partent absolument dans tout les sens. Car, il ne s’agit pas juste d’Amy, ni même de Beth, mais d’une pléiade de personnages que l’on croise au gré des années, alternant les retours en arrière et les bonds de quelques années, passant de la fin des 70’s au milieu des 80’s, découvrant les histoires fantasmées d’Amy Bolide, s’attardant sur des personnages secondaires… C’est absolument fascinant, presque hypnotique !

L’univers de Stray Bullets est sombre et violent, pratiquement aucune échappatoire pour ces êtres qui subissent les coups des uns et des autres, qui plongent chaque fois plus brutalement dans une Amérique tordue gangrénée par le quotidien de ces masses "laborieuses", engluée dans ces petits trafics, ces occasions manquées… Une Amérique de la désillusion, des petites frappes qui imposent leurs règles à coups de poing, voir même en sortant les armes.
Au milieu de la mêlée, il y a les enfants et les ados qui apprennent les règles, qui tentent de s’en affranchir pour mieux y retomber, rien ne peut échapper à cette tornade qui les emporte tous, un par un !

Mais Stray Bullets c’est surtout l’incroyable virtuosité scénaristique de Lapham qui décide, en 95, de rompre avec cette industrie du comics extrêmement formatée, pour se consacrer à sa série, en tant qu’auteur complet. Il fut auparavant la révélation des Valiant Comics de Jim Shooter, avant de le suivre chez Defiant sur Warrior of Plasm.

Avec SB, la rupture est franche et sans appel. Le dessin en noir et blanc se concentre sur le storytelling, c’est fluide et expressif, mais c’est surtout aiguisé à la perfection comme une bonne lame bien tranchante !
Lapham ne fait pas dans la dentelle, les gamins sont, sous leur allures innocentes, des psychopathes en puissance, ils évoluent dans des familles complètement ravagées par la récession des années Reagan, on prépare des mauvais coups, on voit défiler les putes et les escrocs, les adultes sont hantés par leurs névroses, en roue libre, sans retenue, on n’est jamais à l’abri d’un dérapage du destin ! Toutefois, au milieu de cette ambiance lourde et pesante, on est très vite séduit par la concision des dialogues et l’habileté des mises en scène. Lapham n’en fait jamais trop, il évite de digresser inutilement, c’est de la vraie Série Noire dans les règles de l’art, avec des atmosphères à couper au couteau, des scènes d’anthologie à chaque épisode, des changements de rythme réguliers et des fulgurances à chaque tournant !
Le nombre de fois ou je suis resté bouche bée devant certaines idées ou certains retournements de situation… C’est époustouflant, d’un bout à l’autre !

Avec cet épais volumes de près de 500 pages, Delcourt réhabilite brillamment Stray Bullets qui n’eu jusque là droit qu’à deux volumes assez mal distribués.
La série initiale s’est interrompue en 2005 avant de revenir se conclure en 2014. Lapham a depuis décidé de continuer l’aventure, d’une part avec une première mini série "Stray Bullets: Killers" en 2014, puis une nouvelle ongoing: "Stray Bullets: Rose & Sunshine" qui a démarré en 2015 ! Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a absolument rien perdu de sa force, malgré sa seconde carrière chez les Big Two, depuis.

En refermant la dernière page, on reste sans voix devant cette énergie et cette force. Je ne peux que vous conseiller de redécouvrir, à votre tour, cette incontournable série à travers cette nouvelle édition absolument fabuleuse !!!

A lire absolument !

Par FredGri, le 14 avril 2019

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