NANCY (VF)
1943 - 1945

Sont rassemblés dans ce volume les daily strips de Nancy qui couvrent les années 1943 à 1945 ! On y rencontre alors la jeune Nancy qui vit chez sa tante Fritzy Ritz, qui a comme meilleur ami Sluggo, un garçon qui vit dans les quartiers pauvres ! C’est la guerre, il faut se restreindre, la vie n’est pas aussi facile qu’auparavant, mais Nancy garde son humour à toute épreuve !

Par fredgri, le 27 juillet 2015

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Notre avis sur NANCY (VF) #1 – 1943 – 1945

A la base du strip de Nancy (que l’on connait en France sous le nom de "Arthur et Zoé" !) il y a les Fritzi Ritz créés par Larry Whittington en 1922 qui sont repris trois ans plus tard par Ernie Bushmiller. On y rencontre une très belle jeune femme qui évolue dans la bourgeoisie américaine, assez légère et frivole, elle ne pense qu’à dépenser, à sa toilette, à ses flirts etc.
En 1933, elle accueille sa nièce Nancy qui vivra dorénavant avec elle. Très vite, la gamine devient la star du strip, reléguant sa belle tantine au second plan, et en 1938 le strip est définitivement renommé Nancy ! (Fritzi Ritz concervera son Sunday Strip, à son nom, jusqu’en 68 d’ailleurs !)

Nancy est une fillette sérieuse avec un humour quelque peu pince sans rire. L’humour du strip tient souvent dans des gags très simples, qui fonctionnent sur une idée très efficace, sans fioriture. Il n’y a globalement pas de grandes réflexions, néanmoins tout le strip se tient sur cette approche extrêmement épurée !

Nancy est ainsi considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre du minimalisme, mais attention, il ne faut pas non plus s’imaginer qu’ils soient stupides pour autant, loin de là. Ce volume reprend donc la période qui correspond aux années de guerre de Nancy, et le strip y apparaît bien ancré dans la réalité sociologique de l’époque ! On y voit les enfants participer à l’effort de guerre en recyclant des chaussures, du cuir etc. Ils plantent des potagers (les «jardins de la victoire»), ils achètent des timbres de la Défense… En parallèle, on peut aussi y lire une très forte critique du Japon, des Nazis… Et c’est vrai que, maintenant, certains de ces strips peuvent apparaitre quelque peu en décalage vis à vis de la réalité, mais c’est un intéressant travail de contextualisation !

De plus, Nancy et Sluggo se lancent dans entrepreneuriat, ils créent leur petites affaires en vendant des sodas, en prédisant l’avenir, en montant des cirques. En même temps, ils rejoignent les jeunesses actives, devenant jeunes policiers, par exemple ! Le strip insiste donc bien sur l’implication des personnages dans la société et dans l’actualité du moment ! On sent un certain parti pris très patriotique, complètement exacerbé par une Nancy qui exprime très clairement sa haine pour le Japon par exemple, mais cela reste du ressort du cadre des 40’s !

Toutefois, l’humour fonctionne aussi très bien, et une fois passé le cap de cette propagande patriotique, qui ne concerne finalement qu’assez peu de strips, on se laisse très vite entraîner dans cette avalanche de gags qui frisent parfois l’abstraction la plus élémentaire !

Le dessin, de son côté, est vraiment très beau, une ligne claire efficace, sans hésitation, qui brosse les scénettes en allant à l’essentiel ! Parfait !

Alors oui, on aurait certainement préféré avoir droit aux véritables premières années du strip, ou tout du moins du personnage, et ce choix (dicté par le fait qu’il s’agit ici d’une simple traduction du premier volume publié par Fantagraphics (trois volumes sortis à ce jour)) de démarrer aux années de guerre semble bien plus lié au fait que le strip y est plus concerné qu’auparavant, moins "léger". Néanmoins (comme Glénat avec les Mickey de Gottfredson), cela reste un choix très arbitraire, pas toujours très judicieux, car on perd le côté "évolutif" du strip pour ne se concentrer que sur ce qui semble le plus intéressant "pour l’éditeur" ! Dommage !

Il n’empêche que cela reste une excellente lecture que je ne saurais assez vous conseiller !

Par FredGri, le 27 juillet 2015

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