Flex Mentallo

(Flex Mentallo 1 à 4)
Apparu il y a peu de temps dans le "monde réel" (tout de moins celui de la BD ou il évolue), Flex Mentallo se rend compte que progressivement des éléments appartenant à sa vie fictive d’avant commencent à interférer avec son monde d’adoption. En effet, un de ses anciens compagnons d’aventure, "Le Fait", apparait puis disparait après avoir laissé derrière lui des fausses bombes et des cartes aux messages énigmatiques.
Flex Mentallo sent bien qu’il y a une piste à suivre, d’autant qu’il a aussi l’impression que le monde court à sa perte, et que seuls ses anciens amis les super-héros pourront sauver la situation… Il suit donc les traces de "Le Fait"…

Par fredgri, le 30 décembre 2012

Publicité

Notre avis sur Flex Mentallo

Flex Mentallo est un personnage des plus étranges. Grant Morrison l’a créé à l’occasion du Doom Patrol 35 en 90. Il s’agissait d’un personnages fictif, ayant vécu des aventures dans ses propres comics scénarisés et dessinés par le jeune Wallace Sage.
Cet étrange héros permet donc à Morrison de parler des comics, du rapport entre l’imaginaire et la réalité, de la création et de ce qui la lie à son un créateur.

Après avoir partagé les pages de la série pendant quelques numéros (35, 36, 37, 39, 42, 43, 44 et 46) il faudra attendre cinq ans avant de voir revenir Flex Mentallo, à l’occasion de sa propre mini-série. C’était le premier vrai travail de Quitely chez DC et le premier avec son désormais scénariste complice.
Très vite acclamés par la critique les numéros de cette mini-série vont tout aussi rapidement s’épuiser.

Mais voilà, le personnage est très directement inspiré des anciennes publicités mettant en scène le body buildé Charles Atlas. Ce dernier va entamer une série de procédures afin d’empêcher les rééditions de la mini-série. Il faudra donc attendre 16 ans pour voir arriver ce recueil (entièrement recolorisé pour l’occasion).
Et d’une certaine manière cela permet surtout de relire ce qui est, à mes yeux, l’un des meilleurs projets de Morrison.

Sans entrer forcément dans une étude très détaillée, il s’avère que cette lecture est une expérience en soi. Car, le scénariste joue avec les ellipses, mélange les réalités, sème des fausses pistes…
C’est assez complexe, même si on peut très bien s’arrêter à une première lecture linéaire, quitte à passer à côté d’un tas de références, de messages, d’éléments importants ! Mais très vite, le rapport entre les pans de réalité oblige le lecteur à jongler avec les informations.
Flex doit suivre les indices que lui laisse directement ou plus intuitivement "Le Fait", il doit écouter son instinct afin de retrouver la "Legion of Legions", un groupe de super-héros qui surveille la terre, mais qui, pour survivre, a du se réfugier dans l’inconscient de Wallace Sage, celui qui les a créé. Ils ne pourront donc intervenir pour protéger la Terre que si Wallace envoie un "signal", s’il prononce un "mot magique".
"le Fait" est donc, en quelque sorte, envoyé par la partie du subconscient de Wallace dans laquelle se forme son imaginaire, celle qui croit encore à tout ces héros, et qui a besoin de la confrontation entre Flex et Wallace pour faire revenir cet imaginaire emprisonné. Le péril qui menace la Terre étant la déliquescence de l’esprit de Wallace, adulte, qui se réfugie de plus en plus dans la drogue… D’ailleurs, la dimension magique du scénario est amplifiée par le mot qui doit servir de déclencheur, à la fin.

Le scénario est vraiment difficile d’accès malgré tout, car les pistes que laisse Morrison ne sont pas tout de suite interprétables. Comme à son habitude, il balance des éléments qui ne prendront leur place, leur sens, que vers la fin.
Il s’avère juste que cette lecture est fascinante, car elle est riche en réflexions, que ce ce soit sur soi, sur les comics, sur la création etc. A la première lecture, en 96, j’ai tout de suite été happé par l’intrigue, ce qu’elle amenait comme concept et la conclusion de Morrison. Incroyable.

Toutefois, ce qui m’a aussi énormément plu c’est le graphisme parfait de Frank Quitely. Une approche très détaillée, ultra narrative, avec un sens de la construction dans ses planches qui est bluffant ! Il allie une très grande expressivité, avec un art sublime de la référence graphique.
Cette mini-série lui a en tout cas permis de devenir ensuite une super star, l’amenant à dessiner la JLA, Batman, les X-Men, Sandman, Superman etc.

Cet album vaut donc autant pour son scénario que pour les dessins.

A noter que Peter Doherty recolorise les planches initialement mises en couleur par Tom McCraw. A l’origine les teintes étaient plus "pop sucrée", plus fraîches et pimpantes. Cette fois, le ton est plus gris, plus sombre et réaliste. Personnellement, je trouve que cela colle bien, mais c’est vrai que le travail de McCraw allait plus dans le sens de la réflexion moderniste sur les comics d’antan de Morrison, ce qui passe moins avec le travail beaucoup plus fin de Doherty. Deux écoles différentes qui produisent donc deux résultats bien distincts !

En ce début d’année 2013 Urban se penche donc enfin sur cette mini-série, et c’est une nouvelle fois une excellente décision, une manière de bien insister sur la complexité de ce médium et du genre super-héroïque de manière générale !

Par FredGri, le 30 décembre 2012

Publicité