Versus

Agissant sous le couvert de leur organisation secrète Versus, trois individus en noir ont répondu à l’appel de la gérante du restaurant The Bucaneer diner. Son commerce étant au bord du gouffre, cette dernière a donc accepté l’aide de cette mystérieuse société sous réserve qu’elle reste disponible lorsque celle-ci aura besoin d’elle. Tel l’effet papillon, cette adhésion marque le début d’une aventure qui va se transformer en une véritable tornade de faits sanglants. Commençant par l’apparition d’une Plymouth rouge qu’un vieux shérif se met en quête de poursuivre coûte que coûte, l’équipée se poursuit par la fuite d’une jeune femme qui cherche par tous les moyens d’échapper à son passé. Ces péripéties finissent par avoir des répercussions fatales sur la santé financière d’un magnat qui, par la même occasion, apprend que sa femme le cocufie avec son meilleur ami. La vengeance prend le relais et induit, par sa finalité tragique, une autre histoire concernant ce dernier face au frère de la pécheresse. Et ainsi de suite… Et si tout ceci n’était pas le fruit du hasard mais plutôt une suite logique de faits parfaitement planifiés.

Par phibes, le 20 septembre 2014

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Notre avis sur Versus

Selon le principe de la théorie du chaos découvert par le scientifique Edward Lorenz dont l’adage a été repris à l’ouverture de l’album, les éditions Diabolo nous introduisent dans l’univers contemporain et violent des deux auteurs d’origine espagnole Josep Maria Polls (qui signe le scénario) et José Maria Beroy (le dessinateur).

C’est sous le couvert de la société secrète Versus que le lecteur est appelé à se plonger dans un enchevêtrement machiavélique de quatre petits récits, on ne peut plus sordides, qui se veulent suivre un déroulement parfaitement planifié par trois agents de l’ombre. Basculant entre situations délirantes (la chasse obsessionnelle du shérif) et vendetta sanglante, l’aventure contée, qui met en présence de nombreux personnages, ne manque certainement pas de rythme et d’adrénaline. On sent Josep Maria Polls bien investi dans sa mission de poser un intrigue sulfureuse, qui se déroule selon un ordre que Versus, la mystérieuse entreprise représentée par deux hommes et une femme, a su appréhender froidement et sans faute.

Il en ressort donc un thriller certes bien sympathique mais qui manque quelque part un peu de consistance dans les liaisons entre historiettes et qui s’éparpille un peu trop dans les genres, comme si le scénariste avait décidé, au départ de l’aventure, de jouer la carte de la frénésie ubuesque (la course effrénée du sheriff) pour ensuite changer définitivement de cap et adopter une évocation qui lui convenait mieux, une évocation beaucoup plus sombre et amère.

Au niveau des dessins, José Maria Beroy démontre qu’il a du potentiel. Malgré quelques distorsions graphiques – trait et couleurs – somme toute préjudiciables dans la vision générale (certaines planches semblent avoir été réalisées par un autre dessinateur tant elles sont imprécises par rapport à d’autres), l’artiste parvient tout de même à mettre en évidence des planches d’un réalisme remarquable (celles sur fond noir sont de toute beauté). Sur ces dernières, il ne fait aucun doute que la rigueur est de mise et que le dessinateur s’est employé à peaufiner les ambiances les plus ténébreuses.

Un one-shot à plusieurs stades qui, malgré quelques petites défaillances scénaristiques et picturales, se lit tout de même sans déplaisir.

Par Phibes, le 20 septembre 2014

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