VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN
Les morts ont tous la même peau

Depuis cinq ans, Dan Parker travaille dans un pub en tant qu’homme de main. Il est marié à Sheila et a un petit garçon. Aujourd’hui, bien que son efficacité ne soit plus mise en doute, il pense à raccrocher. Les coups de poings dans la gueule des clients, il ne les compte plus tant il s’est habitué à les donner. Au point de se persuader d’être un blanc à part entière. Or, c’est un métis à peau blanche mais personne ne le sait, ni sa femme, ni son employeur, ni son entourage. Plutôt frivole avec les femmes, il reste toutefois fidèle à Sheila. Le jour où son frère noir Richard vient le faire chanter sous peine de divulguer ses origines noires, Dan commence à perdre pied. Au point de lui rendre visite dans son bouge. Il fait un deal avec lui et se laisse envahir par la beauté des deux femmes noires qui l’accompagnent. Les ébats qui s’ensuivent le perturbent au plus haut point, mettant lourdement en péril son couple. Ne pouvant se défaire de cette vision exotique, il se décide alors à tuer Richard. Malheureusement pour Dan, c’est le geste de trop !

Par phibes, le 18 mars 2020

Notre avis sur VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN #2 – Les morts ont tous la même peau

Parue en même temps que J’irai cracher sur vos tombes sous l’égide des éditions Glénat, cette adaptation signée brillamment par Jean-David Morvan conforte le bel hommage fait aux romans écrits par Boris Vian sous le pseudonyme Vernon Sullivan.

Eu égard à la teneur sulfureuse du premier tome, on ne sera pas surpris de se replonger dans cet univers à l’américaine des années 40, constitué de violence, de sexe et de ségrégation raciale. Ici, l’histoire qui est contée se réfère à un concept qui vient à l’encontre du précédent. En effet, si le mulâtre Lee Anderson, blanc de peau, prenait fait et cause pour la cause noire, le personnage central du récit présent, Dan Parker, sang-mêlé déclaré, fait tout pour être considéré comme un blanc à part entière.

Encore une fois, cette version illustrée, découpée avec maîtrise, frappe fort. Jean-David Morvan s’empare pleinement de l’histoire sombre de Dan et nous l’envoie en pleine figure, sans ménagement, dans une apothéose de dureté et de folie. Car c’est dans une sorte de tourbillon intimiste que son personnage nous emporte, un tourbillon qui le fait dénigrer ses origines (pour caler avec la suprématie blanche de cette époque) et qui le plonge dans une spirale infernale pour se faire accepter en tant que tel qu’il apparaît. C’est donc puissant, direct et sans réel espoir.

La force de cette adaptation réside également dans le travail graphique porté par deux dessinateurs argentins très habiles de leurs crayons. German Erramouspe et Mauro Vargas n’ont aucun mal à nous entraîner dans leur univers pictural, à la faveur d’un trait dynamique, très impressionnant dans les pleines pages. Ils ne font certainement pas dans la demi-mesure, mettant en avant des situations d’une grande violence, parsemées grassement et ouvertement de scènes de sexe. L’impact est conséquent et apporte une modernité incroyable à cette histoire du siècle passé.

Une adaptation sans ambages, impitoyable et tellement envoutante qui donne véritablement envie de lire le roman originel !

Par Phibes, le 18 mars 2020

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