VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN
Elles se rendent pas compte

Issu d’une famille aisée, Francis Deacon est en cette fin de journée très affairé. En effet, invité par sa grande amie Gaya à une soirée costumée, le jeune homme s’est maquillé, mis des faux seins, une perruque et une robe et a dû passer chez Wu Chang afin de se faire épiler les gambettes. Irrité par ce qu’il se doit d’endurer, il parvient tout de même à intégrer la fête et à jouer le grand jeu en mimant ce que les souris font quand elles sont entre elles. Il finit même par accrocher Florence, déguisée en homme. Alors qu’il est proche de la conclusion avec cette dernière, Francis s’aperçoit que Gaya a disparu de la salle de danse. Il part à sa recherche, croise l’homme avec lequel il était et la retrouve à l’étage complètement shootée. Une semaine plus tard, Francis reçoit un faire-part de mariage entre son amie Gaya et un certain Richard Walcott, homosexuel patenté. Intrigué, il se rend à son domicile et insiste pour rencontrer son prétendant. Il l’accompagne à un restaurant où ce dernier a donné rendez-vous à sa promise. En récupérant le sac de Gaya, Francis découvre que celui-ci est bourré d’argent et que la jeune femme en a profité pour s’esquiver avec son futur mari et un ami à lui. Comprenant que Gaya a été prise au piège pour consommer de la drogue, il se décide à prendre des mesures de rétorsion radicales. Malheureusement, de s’en prendre à un gang de trafiquants, la partie risque d’être douloureuse. A moins que Ritchie, son frère, vienne l’aider.

Par phibes, le 16 octobre 2020

Notre avis sur VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN #3 – Elles se rendent pas compte

Jean-David Morvan poursuit son adaptation en bande dessinée des œuvres écrites par Boris Vian sous le pseudo Vernon Sullivan. Faisant suite aux deux précédents albums qui ont su nous éclairer sur ce que l’auteur originel était capable d’écrire sous ce nom fictif, à la fois violent et dépravé, il ne fait aucun doute que le présent récit ne déroge pas au concept initial. Prenant pour cadre l’Amérique des années 50, il nous intéresse aux tribulations sulfureuses de deux frères en prise avec des trafiquants de drogue.

Force est de constater que Elles se rendent pas compte est une histoire audacieuse tant les agissements des deux protagonistes sont auréolées d’actions, d’homosexualité, de violence et de sexe, le tout servi avec une réelle once d’humour (ce qui n’est pas négligeable eu égard à la noirceur des faits). Jean-David Morvan, une fois de plus motivé par cet univers, relate fidèlement et avec style des péripéties qui, bien entendu, restent en marge du politiquement correct et nous donnent une facette très corrompue de cette société américaine à la fois libertine et machiste.

Malgré tout, cette équipée, bien que rythmée, a le désavantage d’être moins prégnante que les précédentes, peut-être dû au fait que la surprise n’y est plus (on garde en mémoire les deux premiers tomes) et que le déroulement semble moins percutant. Par ailleurs, la férocité (volontaire) des propos des protagonistes envers la gente homosexuelle se révèle réellement peu en phase avec notre époque et a tendance à être dérangeante.

La partie graphique a été confiée au dessinateur argentin Patricio Angel Delpeche. Signant ici sa première participation à un ouvrage français, l’artiste démontre naturellement qu’il a du talent. En effet, son trait met en évidence une belle rigueur artistique, que ce soit au niveau des arrière-plans ou des personnages bien réalistes, qui se voudrait conforme au genre Comics. Le dessin est assurément dynamique, détaillé, fait appel à une belle recherche sur les plans dont certains bien osés.

Une adaptation entreprenante, un peu en dessous des précédentes, qui vaut tout de même par son lot de violences, de débauches et d’actions en tout genre.

Par Phibes, le 16 octobre 2020

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