VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN
Et on tuera tous les affreux

A Los Angeles, Rock Bailey est le genre de bellâtre athlétique dont toutes les femmes raffolent au plus haut point. Ce dernier le sait bien évidemment mais se refuse à céder à la moindre sollicitation féminine, se donnant encore quelques temps, du moins jusqu’à ses 20 ans, avant de faire le grand saut. Un soir, alors qu’il a décidé de passer une agréable soirée au Ciro’s, il est agressé à l’entrée de la boite de nuit et se réveille quelques instants plus tard dans une pièce aussi dénudée que lui, en présence d’une beauté blonde qui n’aspire qu’à lui faire du bien. Se refusant à elle, il est à nouveau assommé par de curieux infirmiers et un docteur qui lui prélève un max de son énergie. Il se retrouve le matin, rhabillé et tout courbaturé, au bord d’une route. Il est récupéré par un taximan qui le raccompagne au Ciro’s. Là, il découvre le cadavre d’un homme gisant dans la cabine téléphonique des lieux et apprend par son ami journaliste Gary que la victime, bonnet de la drogue, était de mèche avec celui qui l’a assommé la veille. Eu égard à son étrange nuit, Rock décide de se transformer en détective. Son enquête va l’entrainer dans un milieu où, sous le couvert de disparitions, sont pratiquées des expériences contre-nature.

Par phibes, le 13 janvier 2021

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Notre avis sur VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN #4 – Et on tuera tous les affreux

Avec Et on tuera tous les affreux, Jean-David Morvan termine sa mise en lumière des fameux romans (au nombre de quatre) écrits par Boris Vian sous le pseudo Vernon Sullivan dans une verve ô combien différente et plus sulfureuse de celle qu’il produisait sous son vrai nom. A l’instar des précédentes adaptations, ce nouvel album nous plonge dans les ambiances américaines des années 50 et plus particulièrement celle de Los Angeles où un jeune dandy va se transformer en investigateur patenté pour lever le voile sur d’inquiétantes manipulations sur le genre humain.

Si le récit se nourrit d’une bonne trame policière associée à une certaine violence, il n’en demeure pas moins qu’il a l’avantage de se détacher très sensiblement des trois autres histoires. En effet, l’on ressent dès l’ouverture que l’auteur originel a souhaité donner aux péripéties de Rock une grande part de légèreté bien qu’il y soit question de manipulation d’êtres humains, de culte de la beauté (thématique qui reste toujours d’actualité) et de dénigrement sélectif. Pour cela, il n’hésite pas animer son personnage principal sous le couvert d’un humour assez corrosif (atteignant même un certain délire) associé, eu égard à l’intrigue, à une consonance sexuelle bien prégnante et in fine à une touchefantastique.

Une fois encore, Jean-David Morvan fait un très bel effort d’adaptation. L’artiste nous livre un récit qui reste efficace dans son ensemble et qui nous transporte dans une grande succession d’évènements ô combien détonants chapitrés avec habileté. La tonalité ambiante reste conforme au roman d’origine et se veut irrésistible si bien qu’on arrive facilement à se prendre au jeu cocasse de ce héros musculeux, sans peur et sans reproche, qui n’en finit pas de faire des découvertes surprenantes.

Cette adaptation vaut également par la qualité de la mise en images signée Ignacio Noé. Amateur de récits érotiques mais aussi de récits historiques (Helldorado, Jeanne d’Arc dans la saga Ils ont fait l’Histoire…), cet artiste a, de par la rondeur, le réalisme de son dessin et une colorisation appuyée, un style qui sied superbement à cette adaptation. Jouant très judicieusement sur la beauté de ses personnages, sur leurs atours et sur leurs nombreuses expressions bien caractérisées, le tout associé à un travail sur les décors des années 50 impeccable, il génère de la part du lecteur une réelle adhésion.

Une adaptation réussie qui a l’avantage de faire découvrir Boris Vian/Vernon Sullivan sous un format illustré de belle qualité.

Par Phibes, le 13 janvier 2021

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