Vénus noire

Elle était la fille d’un chef de village sud-africain, mais les siens ont tous été massacrés. Saartjie Baartman a donc dû se résigner à ne devenir qu’une simple domestique au service de patrons blancs. Saartjie était noire, d’ethnie bochimane, mais elle est plus connue de nos jours sous le nom de Vénus Hottentote…

Dotée par la nature d’un fessier hors norme et d’un sexe aux lèvres démesurées, elle a vite attiré l’attention de personnes qui ont vu en ses différences le moyen de se faire de l’argent. Conduite en Europe où, en ce dix-neuvième siècle, ce type d’attraction était courant, elle a été montrée comme une bête de foire et jouait en quelque sorte le jeu, s’accrochant à l’espoir que ses montreurs étaient de confiance lorsqu’ils lui promettaient sa part des gains. Mais l’aventure était trop lucrative pour ses maîtres profiteurs, et sa condition s’est de plus en plus apparentée à une forme d’esclavage humiliant allant de la prostitution aux simulacres de contribution à la science, ce que des gens se sont mis à dénoncer…
 

Par sylvestre, le 22 septembre 2010

Notre avis sur Vénus noire

Vénus noire est une histoire vraie, celle de la triste destinée d’une femme africaine qui a perdu son humanité sur les autels du voyeurisme, du mercantilisme et de la médecine européenne de son époque, le XIXème siècle, quand la recherche se laissait parfois encore trop fortement influencer par les idées des plus beaux parleurs plutôt que par des faits avérés sérieusement et scientifiquement.

C’est sous le trait réaliste de Renaud Pennelle (Sagarmatha) que le scénario signé Abdellatif Kechiche prend vie sur le papier pour la collection Atmosphères des éditions Emmanuel Proust, et il est à noter qu’en parallèle à cette BD sort sur les écrans un film réalisé par ce même Abdellatif Kechiche et racontant cette même histoire.

La bande dessinée est organisée en un grand flashback : on assiste assez rapidement, dans l’une des premières pages, à la restitution des restes de Saartjie Baartman aux autorités de son pays d’origine en 2002, mais c’est pour mieux remonter dans le temps, à l’époque où elle a changé de patron et où elle a été repérée par ceux qui ont ensuite profité d’elle.

Cette histoire est dure, tant le zèle des médecins qui ont voulu (mais n’était-ce pas plutôt par simple curiosité personnelle ?) étudier "l’énigme Saartjie Baartman" ressemble en fin d’ouvrage plutôt à un acharnement qui rappellerait presque les épouvantables expériences qu’ont faites les Nazis sur les prisonniers de leurs camps… Elle n’est pas moins dure lorsque la "Vénus noire" est montrée comme une bête de foire, comme une sous-femme, puis bernée à coups de prises d’alcool ou prostituée de force… Non, l’Histoire de l’Humanité n’est pas pavée que de beaux souvenirs. On le sait bien. Et des œuvres comme cette bande dessinée existent fort heureusement pour nous rappeler quelques exemples qu’on a pu oublier ou à côté desquels on était passé, notre propre culture oblige…

Si vous avez aimé des bandes dessinées comme Groenland Manhattan et Minik, ou si, plus généralement, vous portez de l’intérêt à l’Humain dans de telles histoires réelles (et dramatiques) hors du commun, vous apprécierez pleinement cette BD hommage, le récit de la vie de Saartjie Baartman.
 

Par Sylvestre, le 22 septembre 2010

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