VÉNUS DU DAHOMEY (LA)
Le dernier combat

Impressionné par le tempérament hors du commun de Diamanka, la sculpturale amazone du Dahomey, le médecin naturaliste Fernand de la Fillière a décidé, malgré la désapprobation de sa femme et de son fils, de la prendre sous son toit pour la soigner. Là, il lui consacre une grande partie de son temps à étudier son comportement sous l’effet d’un nouveau produit, l’heroisch, adressé par ses confrères allemands. Au fil des jours, le médecin s’aperçoit que la substance utilisée sur la jeune femme modifie profondément sa personnalité, au point que cette dernière en devient dépendante. C’est à la suite du décès de sa femme auquel l’amazone semble être liée, que celle-ci se doit de quitter la demeure pour reprendre le chemin de sa terre d’origine. Mais, le fils du praticien, cherchant vengeance, ne l’entend pas de cette oreille et l’entraîne vers une autre destination.

 

Par phibes, le 13 septembre 2012

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Notre avis sur VÉNUS DU DAHOMEY (LA) #2 – Le dernier combat

A peine l’exposition au Musée du Quai Branly sur "L’invention du sauvage", mettant en exergue la thématique des hommes, femmes et enfants venus des territoires colonisés et exhibés dans des fêtes foraines, vient de se clôturer, que paraît le deuxième et dernier opus des mésaventures de Diamanka, la dernière amazone du Dahomey.

Sous l’égide de Laurent Galandon qui, rien que pour l’année 2012, voit son patronyme publié pour la 6ème fois après La lignée, L’enfant maudit, Les innocents coupables, Pour un peu de bonheur et Le cahier à fleurs, nous retrouvons la belle vénus du Dahomey dans une ultime représentation. En effet, nous l’avions quittée alors qu’elle était, après son passage remarqué au jardin d’acclimatation, prise en main par le médecin Fernand de la Fillière qui, envoûtée par le charisme exotique de l’ancienne combattante, s’est employé à tester sur celle-ci un nouveau traitement.

Cette suite se veut d’une sensibilité superbement instituée par des évènements qui évidemment tournent autour de la belle femme noire et de sa destinée loin des plus heureuses. Transformée en une sorte de rat de laboratoire, elle en vient à subir des expériences malheureuses qui agiront sur sa psyché au point de la rendre à l’opposé de ce qu’elle était sur son territoire d’origine. Laurent Galandon dénonce avec justesse et émotivité la façon d’agir de la société civilisée de l’époque (fin 19ème) et sa soi-disant supériorité sur les bons sauvages. Il dénigre avec subtilité la peur de la différence, le manque de reconnaissance, le peu de considération, l’aveuglement, la bêtise de ces hommes qui n’hésitent pas à martyriser, à exhiber, à manipuler sans scrupule d’autres êtres. Enfin, il entrevoit une sortie qui engendrera certes un drame mais aussi une renaissance dans un combat.

Graphiquement, cette seconde partie de l’histoire est superbement mise en image. Stefano Casini produit un dessin d’une grande clarté, adroit et émotionnellement bien convaincant. Son message qui s’appuie sur des ambiances historiques de fin de siècle, est remarquablement évocateur, joue habilement sur les différences des personnages. Diamanka, en particulier, possède une présence prépondérante, de par son expressivité bien maîtrisée qui passe par de nombreuses phases (tristesse, addiction, colère…).

Une clôture réussie d’un diptyque qui, inspirée par des faits réels, se doit d’être lu pour sa dimension humaine.

 

Par Phibes, le 13 septembre 2012

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