Le vent des cimes

A Santiago, Rachel Wiezman n’arrive pas à s’endormir et pour cause, son futur mari, Jack Rouault, s’est envolé de nuit pour Buenos-Aires afin d’y livrer des sacs postaux. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son atterrissage, elle décide de voir le directeur de la compagnie qui emploie son fiancé. Elle sollicite son aide mais ne parvient pas à être tranquillisée. Elle en informe le curé de la paroisse où ils devaient se marier et n’obtient pas non plus le réconfort escompté. Elle opte alors pour un appui de Tonio, le meilleur ami de Jack, qui l’amène sur la base de Mendoza où sont organisées les recherches. Pendant ce temps, Jack a été pris dans la tourmente et de fait, a été obligé de se crasher. Plongé dans l’enfer blanc dans des températures extrêmes, il tente par tous les moyens de s’extirper de son malheur. L’image de Rachel et de son amour envers elle l’aident à surpasser ses souffrances. Parviendra-t-il à surmonter cette épreuve ?

Par phibes, le 27 mai 2013

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Notre avis sur Le vent des cimes

Les éditions Glénat mettent à l’honneur cette nouvelle histoire créée par Christian Perrissin, scénariste qui creuse sa place au sein du 9ème art avec des séries aventureuses telles El Niño, Cap Horn, Les Munroe ou plus honorifiques comme Martha Jane Cannary…, une histoire complète qui nous expatrie sur les terres argentines des années 20/30.

Cet album, d’un format réduit et pour le moins volumineux (un peu plus de 180 pages) nous introduit dès le départ dans un climat d’inquiétude permanent généré par les terribles mésaventures d’un couple en instance de mariage. Par ce biais, Christian Perrissin se meut avec aisance sur deux tableaux que comporte son histoire d’amour. L’un est dédié à Rachel et l’autre à Jack, et ensemble, font naître une intrigue savamment dosée, à l’échelle humaine, qui tourne évidemment autour de la disparition du pilote, de ses tentatives de s’en sortir et également de la réponse de sa dulcinée à son malheur.

Le récit, qui fait des va-et-vient temporels informatifs de façon à mieux camper les deux protagonistes concernés, reste dans des faits judicieusement mesurés, sans aucun artifice particulier. La narration qui en découle reste, grâce à cette volonté scénaristique, dans des dispositions historiques des plus crédibles et d’une fluidité généreuse. D’ailleurs, on sent à travers le sujet évoqué une certaine inspiration à l’univers d’Antoine de Saint-Exupéry, à son œuvre (Vol de nuit) et au vécu d’un de ses amis, le pilote de l’Aéropostale Henri Guillaumet, survivant d’un crash dans les Andes. De plus, Christian Perrissin a le don de susciter les émotions et le fait tout au long de son équipée jusqu’à atteindre le final où une pirouette insensée surprendra amèrement le lecteur.

Côté dessin, Eric Buche vient titiller le lecteur dans un registre auquel il ne nous avait pas habitué. Loin de sa série pour la jeunesse Franky Snow, ce dernier opère désormais ici dans un univers typiquement adulte et beaucoup plus sombre. A travers son style semi réaliste à la colorisation douce, l’on découvre des personnages sensibles, émotionnellement probants et de larges décors montagneux pour le moins explicites. A ce titre, son dessin parlant de lui-même, le scénariste semble donner à de nombreuses reprises les coudées franches au dessinateur, refusant l’insertion de tout dialogue, de toute narration intempestives.

Un bien beau roman graphique qui atteint des hauteurs où l’amour peut revêtir une couleur sombre.

Par Phibes, le 27 mai 2013

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