La vengeance d'une femme

Dans le Paris de la fin du 18ème, Robert de Tressignies, individu quelque peu libertin, arpente le pavé de la rue basse-du-Rempart et y accoste une jeune prostituée dont le visage lui rappelle une personne qu’il a déjà croisée. Subjugué par le charisme de cette demoiselle de boulevard, il lui fait l’amour jusqu’au moment où il l’aperçoit en train de fixer le portrait que porte son pendentif. Intrigué par ce bijou, Robert sollicite des explications que la belle ne tarde pas à lui donner. Contre toute attente, elle lui apprend sa haute origine, que le portrait est celui de son mari et qu’elle agit de la sorte pour se venger de lui.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur La vengeance d’une femme

Fabrice Lilao, jeune auteur, se lance dans l’univers de la bande dessinée en produisant comme premier ouvrage une adaptation de la nouvelle éponyme, issue du recueil intitulé "Les Diaboliques", de Jules Barbey d’Aurevilly, écrivain du 19ème.

Il n’est point nécessaire de dire que le choix de Fabrice Lilao est très pertinent, dans le sens où la nouvelle dont il est question et qu’il met en images est des plus fortes émotionnellement parlant. En effet, ce texte se réfère à une femme exceptionnelle, volontaire, qui a pris pour parti de sacrifier d’une manière la plus vile sa vie bourgeoise et sa santé pour se venger d’un mari vaniteux. De fait, il y est question d’amour, d’abnégation et puis d’assassinat et de vengeance.

Fabrice Lilao s’est donc accaparé le récit de Barbey d’Aurevilly et en a soustrait les passages les plus forts à ses yeux, qu’il égraine au gré des nombreuses planches qui constituent l’ouvrage. C’est l’occasion pour le lecteur d’apprécier à leur juste valeur la prose raffinée de l’auteur et les situations parfois crues dans lesquelles il plonge son héroïne.

Par ailleurs, afin de ne pas gruger le lecteur sur la teneur de la nouvelle originale, l’éditeur a eu la bonne idée d’annexer cette dernière en fin d’album, permettant ainsi d’appréhender dans son intégralité cette œuvre émouvante.

Le lien entre le texte et les graphiques est excellent. En effet, les émotions qu’éveille pareille transformation volontaire et décadente sont largement confortées par les dessins aux ambiances historiques de très bonne qualité en noir et blanc, réalisés semble-t-il en couleur directe monochrome. La sensibilité et la sensualité de la duchesse sont bien retranscrites, tout comme sa volonté d’assouvir sa vengeance. On percevra au travers de ses expressions la détresse de la jeune femme. Par ailleurs, on accrochera bien volontiers à cet érotisme sans vulgarité qui se dégage des quelques planches où la prostituée se dévoile sans retenue à Robert.

Pour son premier ouvrage, Fabrice Lilao a réussi son pari. Grâce à cette sensibilité dont il s’est fait le maître d’oeuvre, il est certain qu’il touchera le plus grand nombre. A lire !
 

Par Phibes, le 20 mars 2009

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