Varsovie Varsovie

 
Emanuel Ringelblum comptait parmi les 400000 juifs qui ont été parqués par les nazis dans le ghetto de Varsovie à partir du 16 novembre 1940. Historien de formation mais avant tout être humain, Ringelblum a vite compris le sort qui les attendait, lui et les membres de sa communauté, dans et hors leur prison surpeuplée et insalubre. Afin de révéler au monde ce qui se passait dans le ghetto, il a pris sa plume. Puis voyant que sa seule contribution ne suffirait pas à immortaliser sur le papier toutes les histoires qu’il y avait à écrire, il a créé un collectif d’écriture. Des milliers de pages seront ainsi produites. Elles seront enfouies sous terre, dans des boîtes en fer, dans l’espoir qu’un jour, après la guerre, elles reparaissent et parlent pour ceux dont elles racontent la terrible histoire.
 

Par sylvestre, le 19 mars 2017

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Notre avis sur Varsovie Varsovie

 
Dans le sillage de la bande dessinée Irena, Varsovie Varsovie nous raconte aux éditions Marabout une nouvelle histoire méconnue du ghetto. C’est l’histoire d’un collectif d’écriture appelé "Oyneg Shabbes" et qui a rassemblé, dans les années 40, des volontaires désireux de consigner par écrit ce qui se passait dans le ghetto et dans les familles des gens qui y étaient parqués en attendant la mort. Le devoir de mémoire s’était mis en route ; sous l’impulsion d’un certain Emanuel Ringelblum, historien et militant social et politique qui avait compris plus rapidement que d’autres la tournure qu’allaient prendre les choses pour les juifs varsoviens.

L’auteur Didier Zuili ne nous raconte pas exactement chronologiquement la genèse et la vie de ce courageux projet en "suivant" Ringelblum comme il aurait pu le faire : il a choisi de présenter différents personnages qui, chacun à leur niveau, y ont participé. Il y a ceux qui rédigent, autour de Ringelblum, ces écrits qui doivent être enfouis dans leurs "capsules temporelles" (comme on dirait de nos jours). Il y a ces messagers qui, au risque de leur vie, transmettent matériel et écrits d’une zone à l’autre du ghetto. Il y a ceux également qui jouent dans le camp adverse, qu’ils soient nazis ou qu’ils appartiennent à la Judenräte, cette police juive créée par l’occupant.

A ces événements datant des années 40, Didier Zuili a ajouté des scènes au présent pour construire son scénario. Ces scènes s’attachent à Yentl Perlmann, une survivante de l’holocauste revenue des Etats-Unis où elle habite désormais pour revoir ces rues de Varsovie qu’elle a connues gamine. Perlmann est mise en scène en qualité d’intervenante dans une classe : elle raconte aux élèves qu’elle a face à elle ce qu’on découvre dans les autres planches de la bande dessinée. Elle les invite aussi, tout comme Didier Zuili le fait avec cette intéressante BD aux ambiances oppressantes, à être les rapporteurs de ce que les générations futures doivent savoir pour se construire et ne pas répéter les erreurs et les horreurs du passé.

Une histoire mal connue du grand public, une découverte à faire absolument !
 

Par Sylvestre, le 19 mars 2017

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