La vampire de Barcelone

Le 10 février 1912, à Barcelone, Ana et sa fille Teresita rentrent tardivement chez elles. Alors qu’Ana discute avec une amie, Teresita s’éloigne de sa mère pour admirer la vitrine d’un magasin. Une mystérieuse inconnue lui propose alors des bonbons et la kidnappe. Dix jours après, la famille de la petite fille reste sans nouvelle de cette dernière malgré les efforts de la police, provoquant ainsi l’émoi des barcelonais. Le 22 février, le Juge Mazaira, en charge de l’affaire, reçoit l’appui du Juge Fernando de Prat à qui il avoue que son enquête piétine. Six jours plus tard, une personne reconnait la petite Teresita au domicile d’une certaine Enriqueta Marti. Sous le couvert d’une plainte, la police perquisitionne son appartement et découvre la petite disparue sans cheveux et amaigrie en compagnie d’un autre enfant. Enriqueta Marti est alors emprisonnée. Quelle est donc la réelle personnalité de cette dernière qui, durant l’enquête policière qui s’ensuit, se voit surnommée la vampire de Barcelone ?

Par phibes, le 29 mai 2019

Notre avis sur La vampire de Barcelone

Les éditions du Long Bec étoffe son sympathique catalogue via un nouvel album qui se veut mettre en exergue un personnage espagnol tristement célèbre pour ses agissements perpétrés dans et autour de l’agglomération de Barcelone. Pour traiter de ce sujet biographique, les deux scénaristes issus de l’animation que sont Miguel Angel Parra et Ivàn Ledesma et l’illustrateur Jandro Gonzàlez ont mis en commun leurs compétences artistiques et ce, pour la première fois, sur le marché français. Le personnage en question est donc Enriqueta Marti, une femme qui a marqué de son empreinte maléfique les débuts du 20ème siècle en Espagne et qui fut baptisée par ses pairs la vampire de Barcelone en rapport à ses pérégrinations sanguinaires.

C’est au travers d’une enquête policière que nous allons découvrir le portrait inquiétant de ce personnage, menée par un juge d’instruction dénommé Fernando de Prat. Celle-ci démarre à partir du moment où la jeune Teresita disparaît et les appels à témoins commencent à attirer le regard des barcelonais et également de la presse.

L’évocation chronologique qui en découle a pour avantage de reposer sur de nombreux faits réels et des personnages qui ne le sont pas moins. Sans toutefois rentrés dans des détails morbides, elle dresse à la fois, avec une réelle efficacité et certes un découpage un tantinet trop rapide, la physionomie d’Enriqueta Marti et également les dessous d’une enquête pour le moins douloureuse. Aussi, il ne fait aucun doute que cette évocation qui touche à des enfants ne peut que susciter émotions et amertume, sentiments traduits avec une réelle densité par les auteurs.

On pourra être subjugué par l’ignominie des découvertes macabres, par les aveux des enfants, par les non-dits des adultes, par les pressions subies dans les recherches menées par le Juge de Prat, par l’ampleur du trafic mis en lumière. C’est fort, intense et le manque d’humanité qui en ressort est attristant.

Si le scénario dévoile bien l’aura malfaisante de ce sinistre personnage, le dessin de Jandro Gonzàlez la conforte parfaitement. Usant d’un style assez réaliste, l’artiste parvient à donner une tonalité inquiétante à partir de vignettes assez grandes. A n’en pas douter, le travail documentaire est perceptible eu égard à la reconstitution historique des ambiances barcelonaises du début des années 1900. La rigueur est de mise sur la restitution des rues, bâtiments… Côté personnages, ces derniers sont pour le moins profonds, en particulier les enfants. Les adultes se détachent surtout grâce à leurs attitudes, leurs expressions dont certaines, silencieuses, laissent percevoir quelques douloureux mensonges. De Prat, en tant que fil conducteur, reste très convaincant dans ses investigations.

Un portrait vampirique qui ne manquera pas de terrifier plus d’un lecteur et qui a le privilège d’être accompagné d’un prologue et d’un épilogue fortement instructifs.
A lire !

Par Phibes, le 29 mai 2019

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