VALHARDI, L'INTÉGRALE
1941 - 1946

("Valhardi I" et "Valhardi II")
Jean Valhardi travaille comme enquêteur pour les assurances, parfois il se fait même appeler "détective" ! Élément particulièrement efficace il gène certains collègues, c’est pourquoi il est envoyé ce matin là à Rocapic-sur-Rhône afin d’élucider une étrange affaire d’incendie à répétition… Il ne se doute pas qu’il met les pieds dans une affaire de trafic qui va finir par l’envoyer, avec son jeune ami Jacquot, en Afrique…

Par fredgri, le 3 mars 2015

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Notre avis sur VALHARDI, L’INTÉGRALE #1 – 1941 – 1946

Il faut bien savoir que Valhardi est certes un héros qu’on a fini par quelque peu oublier depuis des années, mais il fut, pendant pas mal de temps, le fer de lance de Spirou, allant même jusqu’à dépasser en popularité Spirou lui même. Aux commandes on retrouvait Jean Doisy, le premier véritable éditeur en chef de l’hebdo et Jijé le génial artiste à tout faire de Dupuis !

Alors bien sur, ces premières aventures ont bien vieilli, et même si elles restent captivantes elles donnent aussi l’impression d’avoir été écrites au fur et à mesure, sans véritable cohérence générale… Valhardi court l’aventure et d’un rebondissement à l’autre il protège les innocents en poursuivant les méchants !
Toutefois, devant nous s’écrit aussi une page d’Histoire. A cette époque, Spirou publie beaucoup de traductions, mais il subit les contrecoups de l’invasion des allemands et devant l’interdiction de publier du matériel étranger, et plus particulièrement américain, le magazine se voit contraint de lancer des séries originales pour remplir ses pages. En parallèle, le mouvement des AdS ("Ami de Spirou", qui s’apparente, dans la forme et le fonctionnement, aux scouts, pourra-t on dire) est en pleine expansion. Jean Doisy créé donc un personnage qui véhicule toutes les valeurs qu’il défend au travers de ses textes dans le magazine, avec un brin d’esprit de résistance, mais qui va très vite fédérer les jeunes lecteurs autour d’un certain humanisme généreux. Valhardi se présente ainsi sous l’apparence d’un grand blond costaud et volontaire, une sorte de grand frère idéal à la poigne de fer (sa célèbre poignée de main !!!).

Son statut d’enquêteur pour une boite d’assurance n’est en fait qu’un prétexte pour l’instant, tant le cadre des histoires le fait rapidement sortir de son rôle, mais il fallait bien lui trouver un postulat de base ! Après tout, il se retrouve vite à enquêter sur le meurtre de son voisin alors qu’il est en congés, à organiser un camps de vacances avec les jeunes garçons de ses collègues et tenter alors de contrecarrer les plans machiavéliques d’une troupe de jeunes campeurs qui viennent les menacer, ou tout simplement courir après un mystérieux trésor en Afrique…
On le comprend très vite, les scénario reproduisent toutes les recettes narratives de l’époque. La bande dessinée est encore majoritairement tournée vers le strip et Valhardi reproduit cette tradition feuilletonnesque fidèlement.
Même si tout cela peut apparaitre quelque peu désuet aujourd’hui il n’en demeure pas moins que c’est prenant, à tel point qu’on pourrait même en oublier les éléments de départ…

L’écriture n’est donc pas des plus adroites, mais elle est efficace, on sent bien la personnalité de Doisy transparaître dans les positionnements du héros (plus particulièrement l’histoire avec les campeurs), dans cette façon de se lancer, le menton haut, dans l’aventure, Valhardi est sympathique, on a envie de le côtoyer, de le suivre sans hésiter.
Graphiquement, Jijé en est à ses touts débuts. Son trait est d’abord très fortement influencé par Hergé, mais progressivement il évolue, devient plus contrasté, plus réaliste, on voit apparaitre le Jijé de Jerry Spring au fur et à mesure que l’on évolue dans le volume, c’est fascinant !

A ce titre, je vous conseille la lecture de l’impressionnant dossier d’introduction écrit par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, une intro qui démontre non seulement le soin porté à ce premier volume et cette volonté de la part de Dupuis, de son équipe, de réhabiliter son patrimoine avec soin. C’est très impressionnant !
Les planches ont été restaurées à partir de repro du mag, on a donc droit au matériel tel qu’il fut originellement publié dans les pages de Spirou (contrairement à ce qui fut publié dans les "Tout Jijé"). Il y a un énorme soucis d’exhaustivité, tant dans la forme que dans le fond, avec une volonté de rester au plus près du sujet. On retrouve ainsi la très grande qualité d’écriture et de documentation du couple Pissavy-Yvernault qui nous propose une nouvelle fois un travail exemplaire.
Ce premier volume des intégrales Valhardi ne va certes pas figurer dans les best sellers de l’année, néanmoins il reste certainement l’un des volumes les plus aboutis en terme d’exigence éditoriale !

Un must à avoir absolument, en attendant l’Intégrale Spirou par Jijé, le deuxième volume de La véritable histoire de Spirou et la suite de Valhardi par Paape… On a hâte de découvrir tout ça !

Par FredGri, le 3 mars 2015

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