VALENTINE PITIÉ
Le bras du chapitre

Parce qu’elle l’a promis à sa mère mourante, Valentine Pitié a quitté les terres canadiennes pour atteindre le continent européen afin de s’installer dans la maison familiale de Créteil, aux abords de Paris. Alors que la Capitale est noyée sous les pluies torrentielles, la jeune femme fait un crochet par le domicile de Jeanne, son amie qui l’accompagne dans son périple. Elles y font la connaissance des frères Delaroche, aviateurs de leur état travaillant pour le compte du père de Jeanne, ingénieur dans l’aéronautique. Totalement subjugués par la personnalité hors norme de Valentine, les deux hommes ne tardent pas à lui assurer leurs émois. De son côté, la jeune femme, possédant une âme d’aventurière, se voit gagnée par une fièvre des plus fortes qui la pousse à parcourir les airs. Pour cela, elle décide d’obtenir le brevet de pilote d’aéroplane. Autant dire que ses aspirations plutôt révolutionnaires en ce début du 20ème et réservées uniquement à la caste masculine vont bousculer les règles préétablies.

 

Par phibes, le 9 février 2011

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Notre avis sur VALENTINE PITIÉ #2 – Le bras du chapitre

Après avoir vécu durement dans le grand nord battu par le froid saisissant et la neige, Valentine Pitié retrouve la civilisation en ce deuxième et dernier opus en intégrant la demeure familiale de Paris. Ce voyage est l’occasion pour la jeune fille d’assouvir ses envies d’émancipation qu’elle assume au grand dam ou à la stupéfaction de ses pairs.

Après une mise en bouche des plus dépaysantes dans le premier tome, André Benn vient clore ici superbement l’évocation de la destinée tumultueuse et quelque peu émouvante de son héroïne dans des ambiances à la fois pleines de bonnes intentions et de vivacité mais également pourvues d’émotions soutenues. Valentine Pitié crève les planches de par son caractère nature, sa propension à croquer la vie à pleines dents, partagée entre le serment fait à sa mère, les marques profondes de son périple chez les Inuits, les aspirations amoureuses de prétendants et son envie irrésistible de voler.

Chapitré comme un roman, le récit s’écoule sensiblement et nous immerge subtilement au travers de dialogues ampoulés dans une époque historique (début 20ème) en pleine mutation sociale et technologique. Grâce aux péripéties de Valentine et à ses frasques de femme volontaire, l’auteur nous fait toucher du doigt la prise en considération de la libération de la conscience féminine. De même, il nous fait ressentir généreusement l’évolution des techniques en ce début de siècle en donnant l’occasion à son personnage principal de se faire remarquer au volant d’une Dion-Bouton, ou usant avec aisance du téléphone, ou pilotant un aéroplane.

Colorisé avec un soin extrême, le rendu graphique de cet opus est égal à celui du précédent tome. Avec beaucoup de sensibilité et de finesse, André Benn nous régale de son univers pictural expressif. Son trait, très reconnaissable depuis Mic Mac Adam, met en évidence des personnages charismatiques, aux visages allongés, graciles, au moyen d’une finesse d’exécution admirable et de l’utilisation d’un "hachurage" discret et maîtrisé. De même, le côté historique est probant par le fait qu’il réalise des véhicules d’une époque révolue avec une recherche d’authenticité incontournable.

Voilà la destinée d’une femme ô combien atypique et attachante qui marquera assurément la sensibilité de plus d’un lecteur. Une très belle performance à apprécier sans retenue, réalisée par un artiste au talent on ne peut plus avéré !

 

Par Phibes, le 9 février 2011

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