VALENTINE PITIÉ
La pierre du matin blanc

Charles Pitié a entraîné sa femme Henriette et sa fille Valentine sur le territoire frappé par la neige du Yukon afin de leur montrer les lieux du gisement aurifère qui a fait la richesse de leur famille. Malheureusement, lors de cette escapade réfrigérante, un évènement dramatique survient et Valentine perd ses parents. Totalement livrée à elle-même, perdue dans l’immensité blanche du Grand Nord, prête à abandonner la partie, elle finit par échouer dans une grotte transformée en sépulture. Elle est recueillie in extremis par Yakupi, un chasseur Inuit, qui, attiré par la personnalité de la jeune fille, finit par lui apprendre les rudiments pour survivre en pareil endroit. Une nouvelle vie commence pour Valentine devenue Arnatak, basée sur le naturel des échanges et la rudesse des conflits.

Par phibes, le 13 juillet 2010

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Notre avis sur VALENTINE PITIÉ #1 – La pierre du matin blanc

Mic Mac Adam, le généreux héros dont André Benn est le père graphique depuis 1982, a trouve une petite "sœur" d’aventures en Valentine Pitié. Cette dernière inaugure de fait une nouvelle série aventureuse (en fait un diptyque), cette fois-ci féminine, qui vient, de par son côté douloureux et initiatique, évoquer la vie dans le Grand Nord.

Portant ici la double casquette de scénariste et de dessinateur, André Benn nous installe avec justesse dans des péripéties qui tanguent entre douleur et joie de vivre. A ce titre, Valentine Pitié incarne l’aventurière par obligation, dotée d’une force d’adaptation et de caractère qui lui permettront d’affronter, et la rudesse du territoire, et les réactions natures des hommes qui la recueillent.

L’émotion est bien sûr au rendez-vous, de par les nombreux écueils que la jeune femme doit surmonter socialement et physiquement. Par ailleurs, grâce aux échanges dont il est question, on y ressent également la simplicité dans les rapports des êtres vivant sous cette latitude, simplicité qui veut se révéler bien traître à certains moments. André Benn relate par le biais de l’équipée de Valentine les coutumes, l’organisation sociale de la communauté Inuit en évoquant en quelques termes autochtones des faits simples, tantôt ironiques, érotiques, tantôt cruels.

Graphiquement, on retrouve la touche personnelle de l’auteur qui, d’un geste assuré, parvient à faire adhérer le lecteur à son évocation réfrigérante. Sous sa plume avertie, le Grand Nord et ses étendues blanches deviennent de superbes décors uniformes, sans grandes fioritures. Ses personnages sont attachants (Valentine, Yakupi, Oshaweetuk…) et plein de vie malgré le froid ambiant.

Une première partie d’une aventure initiatique saisissante aux accents dramatiques, à apprécier telle une grande bouffée d’air pur.

 

Par Phibes, le 13 juillet 2010

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