Vers l'amour et au-delà

 
Ursula est Polonaise. Elle est arrivée en France jeune et a été confiée à une famille d’accueil à l’âge de huit ans. Aujourd’hui, des années plus tard, elle est plutôt du genre à vivre la nuit ; il faut dire qu’elle est strip-teaseuse dans un bar ! Alors des hommes, elle en voit passer. Qui la reluquent, qui la désirent… Mais Ursula n’aime plus les hommes : elle leur préfère les chiens. Ce qui ne l’a pas empêchée de se confier à un homme (l’auteur) à qui elle a osé raconter même le plus dur…
 

Par sylvestre, le 21 septembre 2011

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Notre avis sur Vers l’amour et au-delà

 
Cet album Ursula clôt ce que l’auteur Fred Bernard appelle sa "trilogie du jeu des filles musicales". Après Love Peacock et Cléo, il nous raconte une nouvelle fille, Ursula, différente de celles dont il a déjà brossé les portraits puisque celle-ci est plus "bad girl" que les autres, ainsi en a voulu le destin… Ursula a en effet un parcours autrement particulier, voire sombre, qui va nous être présenté en images comme narré par l’intéressée : avec ses mots et avec ses souvenirs.

Pour ses "confessions", Ursula nous est montrée assise face à nous, comme dans un parloir où l’on viendrait la voir plusieurs fois pour écouter jour après jour la suite de son histoire. Pas le parloir d’une prison ; plutôt une salle exiguë d’un hôpital dans lequel elle aurait par exemple été admise suite à une tentative de suicide, if you know what I mean…

Ursula est charmante et se laisse écouter, même si elle est à la longue presque un peu trop bavarde. Ecoter les gens parler d’eux pèse, parfois. Ursula ne mâche pas ses mots non plus ; il faut dire que son témoignage ne fait pas toujours dans la dentelle. Ursula dérange parce que le voyeur en nous veut assister au spectacle de ce qui fait d’elle la bad girl dont il est question plus haut tout en sachant que cette vie qui lui est contée et illustrée n’est forcément pas enviable même si Ursula en a fait son parti et qu’elle a accepté son destin, se persuadant qu’elle l’aura maîtrisé au mieux… Dur dur.

Pour cet album, l’auteur Fred Bernard est à la fois scénariste, dessinateur, coloriste et… personnage ! Car oui, Ursula, dans toute sa/cette complexité, est une personne qui existe vraiment et que l’auteur a rencontrée. On sent d’ailleurs que le nombre de planches qu’il lui aura accordées est proportionnel à la multitude et à la profondeur de ce qu’il aura eu envie de nous dire sur elle. Cependant, si cette rencontre a touché Fred Bernard, peut-elle toucher autant le lecteur qui ne la connaît pas "en vrai" et qui ne la découvre que sous ces traits couchés sur le papier ? Sur la longueur, l’exercice lasse malheureusement un peu même si on se raccroche alors aux originalités de la bande dessinée (le chapitrage évoquant des contes, des pages avec un seul dessin ou au contraire plein de mini vignettes, l’apparence que se donne l’auteur, la poésie graphique des volutes de fumée, le clin d’œil au Déjeûner sur l’herbe, etc, etc…)

Rencontre spéciale, au final, que cette entrevue avec Ursula. Qui plaira ou pas, qui lassera ou pas ; tout comme on accroche ou pas à la personne avec qui l’on converse ou que l’on écoute… Lecture spéciale, de facto, au bout de laquelle certains auront du mal à aller quand les autres se laisseront embarquer par les paroles de la belle et plongeront dans ses yeux…
 

Par Sylvestre, le 21 septembre 2011

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