Une Vie sans Barjot

Mathieu a 18 ans et le bac en poche. Demain il part à Paris pour ses études. Mais avant de quitter Nantes, sa ville natale, il veut faire une dernière soirée avec ses potes. Et cette soirée ne va pas forcément l’amener là où il l’attendait…

Par Arneau, le 21 février 2011

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3 avis sur Une Vie sans Barjot

Après le road-movie dérangeant et envoutant Pauline et les loups-garous, les auteurs poursuivent l’exploration de l’adolescence avec Une vie sans Barjot. Cette fois, ils ont choisi l’unité de temps et de lieu en se focalisant sur la dernière soirée d’un lycéen dans sa ville natale.

On y retrouve les ingrédients qui faisaient le sel de leur premier récit : sexe, alcool et Rock’n Roll. Mais le traitement est tout autre. Pas de marginaux ou de plongée dans le fantastique, ici les ados poursuivent leurs études en essayant de s’amuser au passage. Mais c’est loin d’être facile. Ils se cherchent, s’interrogent sur leur avenir et ont du mal à comprendre tout ce qui leur arrive. Et c’est là tout le talent des auteurs qui parviennent à camper ces personnages agissant parfois comme des adultes tout en conservant, également, des comportements enfantins. Tourmentés par leurs émois amoureux et leur hyper-sensibilité, Mathieu et ses amis veulent être pris au sérieux tout en revendiquant un besoin de futilité.

Particulièrement intelligent, le scénario multiplie les métaphores pour illustrer les paradoxes de cette période de basculement vers l’âge adulte. S’éloignant habillement des archétypes, les auteurs rendent leur histoire universelle et passionnante. A travers cette soirée hallucinante, ils parviennent à toucher du doigt tout le chemin des possibles lié à cet âge si riche. On est bluffé par la capacité des auteurs à retranscrire aussi intensemment toute la difficulté de cette période. Malgré tous ces enjeux, les auteurs ont le bon goût de ne pas se prendre au sérieux. Les dialogues sont souvent drôles et le lecteur s’amuse avec eux, à suivre toutes les péripéties de cette nuit sans fin.

Graphiquement, il faut saluer le dessin de Stéphane Oiry. Il reprend le trait déjà aperçu dans Pauline et les loups-garous, et son travail sur les couleurs, avec des planches presque monochromes, amène une ambiance particulière à chaque scène.

Après un premier album sérieux et sombre, le duo d’auteurs livre un récit attachant, constamment désamorcé par l’humour, et très touchant. Un sacré bel album !

Par Arneau, le 21 février 2011

Avec Une vie sans Barjot, Appollo réussit à mon sens là ou beaucoup d’autres échouent : nous parler d’adolescence avec un ton empreint d’une certaine « légèreté » sans pour autant faire appel aux pénibles clichés qui planent sur cette période. L’auteur travaille tout particulièrement ses personnages et leurs dialogues, et si on sourit souvent pendant la lecture, le fond est bien présent. Le ton est juste, percutant.
Au dessin Stéphane Oiry nous offre un superbe travail ! Son trait à ce petit quelque chose de grunge et son approche de la photographie est superbe.

Terrible, captivant, Une vie sans Barjot est un album qui donne envie de réécouter du rock, mais du vrai ! Un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 23 avril 2011

En lisant, ce soir, ce album, je crois que je ne me suis rapidement plus trop posé la question sur ce que ça racontait profondément. J’avançais en traînant, moi aussi, les pieds, je sirotais ma petite canette, les oreilles pleines de cette musique que je devinais dans les recoins d’une case !

Parce qu’avant tout, cet album a un je ne sais quoi d’envoutant, cette nonchalance certainement. Ce lycéen qui passe sa dernière nuit avant de partir pour Paris, c’est un peu le dernier petit réflexe qui nous tire vers nos habitudes, vers ce petit coup de foudre pour la belle brune assise pas très loin, en anglais, ces fêtes qui se glissent d’un appart’ à l’autre, cette nuit qui ne doit absolument pas finir… Ce gars qu’on ne veut finalement pas trop laisser derrière nous…

Encore une fois Appollo signe ici un scénario d’une incroyable finesse, très agréablement équilibré entre rire, moments d’errance plus posés et pensées de post ado un brin rebelle, la tête pleine de citations, de références. Et on est touché par ces petites épiphanies qui viennent relever certains passages, silencieusement, à l’ombre d’une ruelle, dans un parc, ou doucement, en équilibre sur un mur !

En parallèle, le graphisme est complètement en osmose avec le ton du scénario, jamais extravaguant, toujours très juste. C’est magnifique !

Une très belle découverte !

Par FredGri, le 3 avril 2012

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