Une petite tentation

Le soir, après les cours, Calista s’emploie à garder la petite Emma. Confortablement installée dans l’appartement luxueux des parents de cette dernière, la jeune fille ne peut s’empêcher d’apprécier fortement cette opulence qui lui semble bien inaccessible. Lors d’un soir de garde, Calista voit son amie Anna débarquer pour se rendre compte du standing dans lequel elle travaille. Subjuguées par cette richesse apparente et impatientes de jouir d’une vie de nanti, elles se lancent comme défi de séduire le père d’Emma et de le pousser à jeter sa femme hors de son appartement pour la remplacer. Pour cela, il va leur falloir tout d’abord entrer plus sournoisement dans l’intimité du quadragénaire afin de mieux connaître ses petits travers et ensuite agir en conséquence. Le jeu qu’elles vont initier ne va pas tarder à prendre une tournure indubitablement déplaisante.

Par phibes, le 2 mai 2013

Publicité

Notre avis sur Une petite tentation

Publiée initialement pour partie chez Soleil sous l’intitulé Le sourire de la baby-sitter en février 2010, cette aventure un tantinet sulfureuse revient dans les bacs sous le couvert du présent titre et dans sa version complète. En effet, c’est, cette fois-ci, grâce à l’éditeur Vents d’Ouest que Jim et Grelin se retrouvent pour nous offrir un nouveau jet de leur production totalement redécoupée et redessinée.

Elaborée dans un format plus petit que précédemment, cette histoire de plus de 150 pages a le don de nous introduire dans un jeu dangereux perpétré par deux très jeunes filles en quête d’une situation aisée facile. Pour cela, Jim opte pour un récit résolument contemporain, et de fait, ne s’embarrasse d’aucun tabou pour évoquer le fameux stratagème mis au point par Calista et Anna. Usant de dialogues parfois chauds, les campant sur des faits où la mystification et la manipulation des sens ont leur place, il n’en demeure pas moins que l’artiste reste dans le naturel. D’ailleurs, la séduction ne manque pas à opérer rapidement auprès du lecteur qui se voit incontestablement pris dans ce tourbillon général troublant initié par des  personnages à la moralité douteuse, ne manquant de susciter à la fois un certain émoi mais aussi une crainte certaine sur les conséquences de tels actes.

Portée par cet excès de sensualité superbement attisée et entretenue, l’histoire bénéficie d’un rythme bien soutenu et se déguste d’une seule traite. Cette fébrilité ambiante habilement stimulée par les donzelles faussement innocentes nous incite évidemment à savoir comment tout ça va se terminer et à cet égard l’on concèdera que l’auteur, s’il s’est laissé aller à quelques envolées scénaristiques crues, n’en demeurera pas moins plus mesuré dans ses propos voire même un tantinet moralisateur.

Grelin nous prouve ici la subtilité de son dessin. En effet, c’est surtout dans ce que suscitent ses personnages que son trait est redoutable. Calista et Anna sont là pour le prouver, tant leur physique et surtout leurs regards parlent d’eux-mêmes. Beaucoup de sensualité émane de ses héroïnes à l’œillade machiavélique, aux postures pour le moins suggestives qui, comme il se doit, échauffent les sens. Au vu du résultat, l’on pourra admettre que le graphisme, très stylisé, est pour le moins réussi et se révèle un excellent support au scénario.

Une histoire délicieusement envoûtante à porter à l’actif des deux auteurs et qui, il faut le souligner, a reçu au mois d’avril le prix BD RTL. A ne pas mettre toutefois entre les mains des plus jeunes.

Par Phibes, le 2 mai 2013

Publicité