NUIT À ROME (UNE)
Tome 1

Trois jours avant le jour réel de son 40ème anniversaire, Raphaël a l’agréable surprise de se retrouver face à ses amis pour une fiesta organisée en son honneur par sa compagne Sophia. Dans le lot des cadeaux qu’il ne manque pas de recevoir, il découvre une vieille VHS qui lui a été envoyée dernièrement par la poste. Pour le moins intrigué, il en fait le visionnage. Il se retrouve face à un petit film souvenir de 20 ans, au moment où il entretenait une amourette avec Marie et avec laquelle ils s’étaient fait une promesse, celle de se retrouver à 40 ans pour passer une nuit à Rome. Si, au départ, cet engagement puéril peut prêter à sourire, il n’en demeure pas moins que Raphaël, progressivement hanté par le souvenir de ce serment et de la belle, est à deux doigts de faire le grand saut. Mais pour cela, il faudrait qu’il tourne le dos à sa petite amie et aussi à sa nouvelle situation professionnelle, et ça, ça serait vraiment bête de sa part !

 

Par phibes, le 12 mai 2012

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2 avis sur NUIT À ROME (UNE) #1 – Tome 1

Jim (qui répond également au pseudo de Téhy) s’est taillé une certaine notoriété dans une catégorie 9ème art qu’il l’inspire à savoir l’humour (Charlotte, célibataire avec enfants, Le p’tit Sarko, L’art du vin, Tous les défauts des filles…). Mais il sait (toujours sous cette signature) aussi jouer dans la cour des œuvres plus adultes telles Petites éclipses, Le sourire de la baby-sitter…. Une nuit à Rome, véritable petite intrigue sociale, vient d’ailleurs le confirmer haut la main.

Ce premier tome qui initie un diptyque s’inscrivant dans un premier cycle qui, lui-même, devrait être suivi d’un deuxième, nous permet de rentrer, sous l’égide d’un titre simple et évocateur, dans un deal entre deux jeunes adultes plutôt surprenant et surtout, à prime abord, coquin et enfantin, et aux répercussions troublantes. Après une entrée en matière qui préfigure une connotation des plus dramatiques, Jim nous permet de faire connaissance avec ses principaux protagonistes, quelques trois jours avant leur 40ème anniversaire respectif et de leur entourage immédiat, dans une narration grandement maîtrisée et sans aucun effet de manche rébarbatifs. Son récit romanesque aux dialogues qui ne peuvent que toucher tant ils trouvent une certaine résonance dans notre quotidien, coule de source dans sa modernité, sa conformité sociétale et dans des relations (amicales ou de couple) tout à fait basiques ou presque.

Cet opus, s’il met en place la curieuse promesse, donne l’occasion de se focaliser essentiellement sur Raphaël, jeune homme tout à fait commun qui, à la suite d’une réminiscence particulière va être soumis à un sacré dilemme. Va-t-il répondre ou pas à cette promesse vieille de 20 ans, au risque de perdre ses repères actuels ? Tournant pratiquement autour de ce choix et bien qu’on connaisse dès le départ la décision, Jim fait en sorte de ne pas le définir ouvertement, préférant nous faire découvrir la lente progression psychologique de Raphaël, son obsession graduelle (surprise, curiosité, négation, entêtement, décision sur le vif). Il va de soi que l’on en apprendra également sur le compte de la belle Marie. Mais pas trop ! Dans cet épisode, celle-ci bénéficie d’un côté insaisissable, habilement entretenu. On perçoit son opiniâtreté (c’est elle qui est à l’origine de la démarche), son instinctivité, sa sensualité féminine mais on ne parvient pas à saisir ses pensées les plus intimes.

S’il sait gérer la structure d’une histoire, Jim, dans sa polyvalence, sait également la dépeindre. A cet égard, l’on pourra apprécier l’authenticité de ses graphiques que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir chez lui. De son geste assuré, sans rentrer dans une restitution trop rigide ou photographique, Jim croque son univers avec malice et beauté. Ses personnages possèdent l’éclat, le charisme qu’il sied à cette histoire, dans leurs attitudes et dans leurs mimiques.

Une superbe première partie qui en appelle évidemment une autre que l’on souhaite lire au plus vite. Du grand Jim à conseiller urgemment !

 

Par Phibes, le 12 mai 2012

Pour cet album, j’ai suivi les conseils d’un ami en me demandant bien ou allait m’emmener cette belle brune allongée sur ce sofa, en couverture !
Dès les premières pages, j’accroche à la narration de Jim, une sorte d’exercice de style façon "Les choses" de Perec. Il s’adresse à son interlocuteur à la deuxième personne du singulier, nous fait entrer dans une sorte de discours hypothétique en commençant par la fin, par les pas de cette femme, de Marie sur la falaise.
Puis nous revenons en arrière et, petit à petit, nous découvrons les prémices de cette histoire, vus par Raphaël, cet homme qui, à 20 ans fit cette promesse à Marie ! Une promesse qu’on fait à un âge ou les idéaux prennent le reflet d’une aventure, d’un coup de tête qui est suivi par un autre et par un autre encore, et les années passent, on se construit d’autres repères, on est heureux, on laisse derrière soit ces petites vagues qui s’éloignent, emportées par le courant. Raphaël se réveille un jour, au détour d’une cassette VHS, à 40 ans, et se souvient de Marie. Même s’il ne veut pas se l’avouer tout de suite, il repense à ce sourire, cette silhouette, ce numéro de téléphone griffonné sur un bout de papier, et cette promesse d’une nuit à Rome…

Un très très bel album ou l’auteur nous entraîne avec beaucoup de finesse dans cette aventure du quotidien, une aventure qui aurait très bien pu être la notre tant elle sonne juste et vraie. Après tout, combien de fois nous sommes nous posés en repensant au chemin parcouru, à ses amis passés, ces premiers amours, à la douceur d’une confidence sur le bord d’un oreiller ! Ce Raphaël, c’est un peu tout ça, si ce n’est qu’il arrive à un moment ou même s’il aimerait résister et juste dire non, il ne peut toutefois pas réellement résister à l’appel de ses 20 ans, juste un moment, une nuit… Peut-il tout remettre en question ?

Et c’est ces questionnements qui servent de trame à ce doux récit. Et même si on devine, dans la précipitation, des choses moins drôles, le scénario ne tombe pratiquement jamais dans la nostalgie pleine de pathos, de souvenirs anecdotiques, on est réellement dans une "action" au présent, sans fard. De plus, Jim ne plombe pas le récit avec des leçons de moral ou des grands mots. Ici, les personnages pourraient très bien être vous, vos voisins, ce couple que vous croisez le matin en partant bosser, n’importe qui.
C’est authentique !

Pour l’occasion, Jim applique un graphisme très réaliste en "ligne claire", c’est à dire sans notion d’ombre (tout est rendu par la couleur), ce qui a l’énorme qualité de le rendre ultra lisible, complètement dénué de cette chape de noir qui parfois pousse à insister sur des ambiances plutôt que sur les personnages. Rien ne vient détourner les yeux du lecteur de ces hésitations dans le regard de Raphaël, de ces gestes du quotidien ! On se laisse mener jusqu’au bout sans lâcher l’album…

Je peux vous le dire, j’ai beaucoup aimé. Une vraie découverte que j’aurais bien envie de soutenir à mon tour, en le conseillant à un ami, à quelqu’un qui passe, à vous peut-être…

Par FredGri, le 21 octobre 2012

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