Une histoire du génocide des Arméniens

1914. Dans le village de Dendil, au nord de l’Empire Ottoman, les habitants s’inquiètent de la guerre qui a commencé en Europe. Les Arméniens, nombreux dans la région, redoutent que l’empire rejoignent l’Allemagne et qu’ils soient amenés à combattre leurs frères qui vivent en Russie.

Mais ils ignorent qu’une menace bien plus grave pèse sur eux. Le gouvernement ottoman vient de décider l’extermination des populations arméniennes et ce par tous les moyens. Le début de la Grande Guerre est, à leurs yeux, une occasion de faciliter cette tuerie de masse.

Pour Mikael, un adolescent arménien qui vit à Dendil, l’année 1915 va signer la fin de l’innocence.

Par legoffe, le 14 septembre 2022

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Notre avis sur Une histoire du génocide des Arméniens

Les éditions Petit à Petit continuent à enrichir leur vaste collection Docu BD. Beaucoup de nouveautés sont attendues à l’automne, en particulier cet album qui traite d’un sujet aussi sensible que difficile, le génocide des Arméniens.

L’histoire de ce peuple est tristement ponctuée de massacres au fil des siècles, mais l’ampleur de ceux qui ont eu lieu durant la Première Guerre Mondiale dépasse l’entendement. La plupart des historiens estiment que ce génocide a fait plus d’un million de morts arméniens, auquel il faut ajouter d’autres minorités ethniques ou religieuses, elles aussi victimes de l’ignominie du parti alors au pouvoir, le CUP (dit les « Jeunes-Turcs »).

Ce livre, destiné à un large public, alterne les planches de BD racontant le destin de Mikael et de sa famille, et des pages documentaires qui permettent de comprendre le contexte historique, les faits survenus durant le génocides et de présenter les principaux acteurs de ce drame.

Le récit en bande dessinée est traité de façon classique. Il s’agit, à travers les personnages, de présenter les différentes phases du génocide et les principaux procédés utilisés par le pouvoir en place et ses relais sur le terrain. Le livre va ainsi à l’essentiel, ce qui est déjà particulièrement bouleversant. Grâce à Mikael et ses proches, la tragédie a un visage, ou plutôt de nombreux visages, remarquablement dessinés par Kyung-eun Park, au style délicat, précis, et riche d’intensité.
Cela nous touche donc encore plus que s’il s’était agit uniquement de documents et d’articles historiques. En revanche, la présence des pages documentaires, qui jalonnent l’album, permet de compléter nos connaissances et notre compréhension du génocide arménien.

L’ouvrage, par cette double approche, réussi parfaitement sa mission, celle de relater, de sensibiliser et d’entretenir le devoir de mémoire. Un travail d’autant plus indispensable que, pour des raisons (géo)politiques, la reconnaissance officielle du génocide arménien reste encore aujourd’hui un tabou dans de nombreux pays, à commencer par la Turquie.

Par Legoffe, le 14 septembre 2022

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