AVENTURE DES SPECTACULAIRES (UNE)
Les Spectaculaires dépassent les bornes

En ce mois de décembre 1910, se déroule la douzième édition du salon international de l’automobile et du cycle. Cet évènement est l’occasion au professeur Victor Pipolet, inventeur-novateur de renom de présenter ses nouvelles trouvailles. C’est d’ailleurs lors d’une démonstration éclatante qu’il reçoit une convocation urgente de la part du Président du conseil Aristide Briand. Accompagné de ses amis Spectaculaires, il apprend que le Président de la République Fallières a été l’objet d’un vol inqualifiable perpétré par Arsène Lapin, le fameux gentleman « cabrioleur ». Eu égard à l’ultra confidentialité des objets dérobés, l’auteur ne manque de faire pression sur l’Etat français en exigeant que les Spectaculaires participent à la nouvelle course automobile reliant Paris à Berlin. S’ils la gagnent, Lapin restituera les documents mais s’ils la perdent, ces derniers seront publiés dans tous les journaux d’Europe. Autant dire que la pression est énorme pour les quatre aventuriers. Seront-ils à la hauteur des espoirs de la nation française et surtout de son président ?

Par phibes, le 3 février 2020

Notre avis sur AVENTURE DES SPECTACULAIRES (UNE) #4 – Les Spectaculaires dépassent les bornes

Les fameux Spectaculaires créés par Régis Hautière et son complice Arnaud Poitevin reprennent une fois de plus (la quatrième) le chemin de l’aventure, cette fois-ci investis (il n’en fallait pas moins) dans une mission de sécurité nationale. Jusque-là tout va bien sauf que, pour ceux qui ne connaitraient pas encore cette bande de bras cassés, les péripéties dans lesquelles ils se plongent ne se veulent pas être des plus tranquilles. C’est donc en se pliant aux exigences d’un cambrioleur, gentleman et « cabrioleur » de surcroît, que le quatuor est appelé à se lancer dans une course automobile effrénée qu’il ne doit surtout pas perdre.

Cette équipée se veut parfaitement graissée. Régis Hautière, ne se prenant certainement au sérieux, démontre une belle aisance dans l’animation de ses personnages farfelus qu’il maitrise dorénavant, leur faisant vivre des péripéties qui bien sûr bénéficient d’un comique franchouillard délectable. Chacun dans leurs spécificités caractérielles et physiques, Pétronille, Félix, Eustache et Evariste sous le couvert de leur « coach » Pipolet nous amusent pleinement, manipulés ici par un adversaire mystérieux qu’ils vont devoir identifier.

S’inspirant du Paris historique de l’année 1910, le scénariste donne une structure intéressante à son récit. Malgré une petite discordance sur la date des évènements (la course automobile Paris-Berlin a eu lieu en 1901 et non pas en 1910) voulue certainement pour caler à la période d’investigations des Spectaculaires, l’artiste n’hésite pas, avec un amusement perceptible, à faire nombre de clins d’œil à l’univers du Maurice Leblanc et son fameux Arsène Lupin.

La partition graphique signée par Arnaud Poitevin est un vrai régal pour les yeux. D’un trait semi-réaliste qu’il use de mieux en mieux, l’artiste amuse la galerie très sympathiquement. Ses personnages aux effigies bien différentes demeurent d’un abord toujours aussi plaisant. Leurs facéties sur des véhicules désuets bénéficient d’une cocasserie qui fait mouche et qui donne un ton léger particulièrement profitable. Au passage, il en profite pour lui aussi faire quelques œillades à la BD franco-belge. A ce titre, il n’est pas rare de croiser, au détour de certaines vignettes, des personnages propres à Hergé, à Franquin, à Graton… tout comme des artistes du 9ème art comme Tibet et autres.

Un très bon cru désopilant à souhait qui renforce la place de ces fameux Spectaculaires dans le monde de la bande dessinée.

Par Phibes, le 3 février 2020

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