Un zoo en hiver

Le jeune Mitsuo Hamaguchi aimait dessiner. Quand il s’est fait embaucher dans une entreprise de textile, il avait nourri l’espoir de se voir confier la création de motifs. Mais son attente fut vaine et il finit par démissionner, poussé en plus par un malentendu entre lui et son patron.

Il est ensuite parti pour Tokyo où un ancien camarade l’a invité à poser sa candidature pour devenir assistant dans l’atelier d’un mangaka renommé qui cherchait à recruter. La mise en route fut très brutale : pas d’entretien préalable ou quoi que ce soit : Hamaguchi fut mis à l’épreuve dès la première minute et comme il arrivait pendant une période de bouclage, il eut tout de suite de quoi prouver sa motivation sur le tas !!!

Le rythme était démentiel. De quoi y perdre la santé. Mais Hamaguchi a tenu bon, et il est donc devenu assistant mangaka. Lorsqu’il a vu que ses collègues assistants travaillaient en plus sur des projets personnels, il a éprouvé une certaine jalousie et il a donc décidé de se mettre à créer, lui aussi. Mais les idées lui manquaient. Heureusement, Tokyo est immense et les occasions de rencontrer du monde, nombreuses, ont fini par lui apporter inspiration, confiance et envie de mener son projet au bout…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Un zoo en hiver

Cet ouvrage de Jirô Taniguchi est sans doute le plus autobiographique de tous ses titres qu’on a pu lire en Europe jusqu’à aujourd’hui. Peut-être pas dans la chronologie des événements ni dans ce qui arrive au héros, non… Mais parce qu’il traite d’un sujet que le mangaka maîtrise forcément sur le bout des doigts puisqu’il s’agit tout simplement du métier qu’il pratique tous les jours : le métier de dessinateur de manga !

Son titre, Un zoo en hiver, pouvait nous laisser penser qu’on allait avoir droit à une suite de L’homme qui marche ou du Promeneur… Mais non ! Ce récit est vraiment tout autre et est véritablement intéressant puisqu’il nous parle directement de l’envers du décor d’un manga.

Cela dit, on retrouve bien les éléments que Taniguchi affectionne depuis toujours et qui ont fait son succès et sa popularité. Il y a les animaux, qui sont présents ne serait-ce que grâce au zoo du titre, même s’ils ne sont pas cette fois les acteurs principaux. Et il y a bien sûr les relations humaines au cœur desquelles le mangaka aime s’aventurer, sachant d’ailleurs mieux que quiconque en faire ressortir de fortes émotions… Mais en plus de cela, il y a l’aspect témoignage sur la vie quotidienne d’un assistant mangaka qui oriente le récit sur un terrain urbain moderne (et principalement en intérieur), ce qu’on n’a pas eu l’habitude de trop rencontrer dans l’oeuvre de Jirô Taniguchi ; à part peut-être dans Le gourmet solitaire.

Ainsi l’artiste a troqué les immenses étendues naturelles qu’il aime dessiner pour confiner cette fois son héros dans l’exiguïté de l’atelier surpeuplé d’un mangaka toujours sur la brèche ! Un exercice bien différent, mais dont le résultat époustoufle, comme toujours ! Quel travail, en effet ! On a beau se dire que respecter les règles des perspectives et de la géométrie suffit à garantir un bon résultat de représentation graphique des lieux et des décors pour lesquels ces mises en application sont recommandées, il n’empêche que voir le résultat ne trompe pas et prouve, s’il était encore besoin de le faire, que Taniguchi atteint une fois de plus la perfection !

Un zoo en hiver gagne donc logiquement sa place au rayon des manga de très grande qualité, des manga qu’il faut avoir lus absolument. Mais ça, j’allais dire… Vous vous en doutiez, non !?
 

Par Sylvestre, le 21 juin 2009

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