Un Faux Boulot

Jean a la petite trentaine. Depuis la mort de son père il est retourné vivre chez sa mère et enchaine les missions d’accompagnement de personnes handicapées durant leurs séjours de vacances. Un boulot qui ne convient pas à cette dernière qui aimerait bien que son fils cherche un « un vrai travail », en CDI, avec des horaires précis, dans une entreprise, tout ça. Mais en fait Jean aime bien son travail, son contact avec les « vacanciers » comme il les appelle. Il se sent utile, responsable, engagé et dépeint, avec une affection touchante et pleine d’humour, sa vie auprès d’eux et le voyage personnel qu’ils lui ont permis d’accomplir.

Par Anaïs, le 29 septembre 2015

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2 avis sur Un Faux Boulot

Dans ce troisième album en solo publié cette fois-ci chez Delcourt, Le Cil Vert revient avec une histoire à la fois personnelle et sociale sur le handicap physique et mental.

Grace à des comiques de situation souvent cocasses, parfois grinçants mais jamais déplacés, il redonne à l’Individus une place centrale.
L’auteur interroge le rapport à la normalité, à l’incompréhension, à la honte qui touche au quotidien les personnes dites « hors norme » et celles qui les qui les aident à mieux vivre. Chaque séjour est l’occasion de présenter au lecteur une galerie de personnes -handicapées comme éducateurs-, d’êtres humains avec leur mode de fonctionnement et leur histoire propre faisant ainsi, de ce qui pourrait-être qualifié de « bizarreries », des éléments de singularité étonnant.

De même, sans nombrilisme ennuyeux, les états d’âmes du personnage de Jean font écho aux émotions, souvent à fleur de peau, des personnes qu’il encadre. Leur spontanéité comme révélateur de notre propre humanité.

Un récit fin et intime qui questionne la place laissée à l’humain et à la différence dans la société.

Par Anaïs, le 29 septembre 2015

« A un moment de ma vie, j’ai été animateur dans des séjours de vacances. Pas n’importe quels séjours… dans des séjours pour personnes handicapées. Ça m’a sauvé ! » Jean est un personnage sympathique, enclin à l’empathie avec des personnes qui ont parfois des parcours de vie difficiles, chamboulés par une existence qui leur a réservé des épreuves quasi-herculénnes à surmonter. Pas étonnant qu’ils plongent dans la folie pour fuir une réalité qui les a meurtri. Comme cette dame de 75 ans retombée en enfance, à l’âge de 12 ans, avec couette et comportement adéquat. Ou comme cet ancien serveur devenu alcoolique à la suite de l’accident de voiture qui a tué sa femme enceinte. Chacun ses démons, se dit Jean.

Pour lui, le sien à lui serait sa mère, veuve dans la cinquantaine, angoissée, préoccupée par le devenir professionnel de fils. Elle le pourchasse avec cette injonction : « trouve un boulot, un vrai boulot ! ». Lui cumule les réponses négatives des employeurs et les crises d’angoisse. Seuls les séjours avec les personnes handicapées lui permettent de regarder la vie différemment. Il se retrouve dans des situations parfois périlleuses, parfois cocasses et donc… regorgeant d’humour.

Le dessin, basique et lisible du Cil Vert, se concentre sur l’essentiel et appuie parfaitement le propos, que ce soit pour retranscrire les situations réelles ou les métaphores. Le côté relâché et bonhommes à gros nez collent à l’ambiance mi-figue mi-raisin, mi-sourire mi-rire jaune. Les couleurs monochromes, différentes à chaque chapitre de l’ouvrage de 120 planches, ajoutent à l’atmosphère d’un jeune homme en quête de réponses.

L’auteur réussit à retranscrire dans cet album la réalité d’un jeune homme pas formé à ce travail social et… à s’en extraire. L’œuvre possède au final une tonalité incroyablement drôle, on rit à sa lecture, c’est assez rare pour que je le souligne. « Je n’en avais pas conscience à l’époque… Mais je ne venais pas aider ces gens… c’est eux qui allaient le faire ! »

Par Geoffrey, le 4 février 2016

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