Un été indien

Nouvelle-Angleterre, début du XVIIème, quelque part sur la frontière au beau milieu des dunes qui longent le bord de mer, une jeune fille est violée par deux guerriers indiens. Embusqué dans les hautes herbes, Abner Lewis, un jeune colon blanc, abat les deux indiens. Ainsi est rompu la fragile paix entre les colons et les indiens et débute une guerre qui révèlera des atrocités encore bien pires…

Par melville, le 5 mars 2011

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Notre avis sur Un été indien

Paru initialement chez Casterman en 1987, Un été indien est aujourd’hui réédité toujours par Casterman.

Je connaissais Hugo Pratt comme auteur de Corto Maltese, formidable récit d’aventure teinté de mystérieux et surtout empreint d’une grande pudeur dans les sentiments. Avec Un été indien, on rompt en partie avec cette retenue caractéristique, le ton y est plus cru. Mais en partie seulement, car bien que l’histoire soit tortueuse et tourmentée par essence, on retrouve sans conteste la présence du maître. La narration est bercée par un grand sens du rythme, Hugo Pratt sait quand il faut parler et surtout quand il faut se taire ; les silences sont lourds de sens et ce sont eux qui au final portent la part la plus importante de cette douleur lancinante intrinsèque au récit. Teintée de la violence du sang qui coule, mais aussi de la violence perverse de la morale puritaine des colons, l’histoire est malsaine, sordide même par moments. Et bien qu’elle nous affecte, on est tout de même emporté par le duo virtuose formé par Hugo Pratt au scenario et Milo Manara au dessin.

Au dessin on retrouve donc Milo Manara et son trait tout en finesse et élégance qui campe le désir, le vice et la frivolité comme personne. Tantôt mis en exergue dans les passages muets, c’est lui qui raconte, tantôt plus en retrait laissant la place aux mots, Manara s’adapte aux exigences du récit avec humilité. Superbe !

Tragique et cruel, captivant, Un été indien est un livre à avoir lu au moins une fois dans sa vie de bédéphile.

Par melville, le 5 mars 2011

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