UDERZO L'INTÉGRALE
1941 - 1951

Ce premier volume rassemble sur près de 420 pages tout les travaux d’Albert Uderzo sur les dix premières années de son parcours professionnel. Philippe Cauvin et Alain Duchêne ont remis la main sur des planches, des illustrations jusque là introuvables avec un incroyable travail de restauration.
Nous pouvons ainsi redécouvrir toutes ces histoires qui ont permis à son style de se former, depuis ses débuts à la SPE (Société Parisienne d’Edition) en 1940 (alors qu’il a 13 ans), sa rencontre avec Calvo, les bons conseils de l’équipe et son premier dessin publié en 1941. S’ensuivra, à force de travail, d’humilité et d’acharnement, une carrière qui ne démarrera vraiment qu’en 45, par le biais brièvement de l’animation puis des premières BD pour la presse… Flamberge (45), Clopinard (46, Clodo et son oie (46), Arys Back (46), Le Prince Rollin (47), Zidore (47), Belloy (48), Le trésor de l’île fantôme (48), SuperatomicZ (50), Captain Marvel Jr (50), le tout entrecoupé d’illustrations, d’affiches et de la guerre bien sur…

Par fredgri, le 22 octobre 2012

Notre avis sur UDERZO L’INTÉGRALE #1 – 1941 – 1951

Voilà rassemblés, donc, les premiers travaux de cette figure phare de la BD, Albert Uderzo.
Comme beaucoup, je suis resté sur ses albums d’Aterix, avec Goscinny, sans vraiment avoir eu la possibilité de connaître sa carrière antérieure. J’avais bien vu quelques planches de ses Tangy et Laverdure et déjà j’avais été touché par la différence de style qu’il pouvait y avoir avec le gaulois. C’est donc avec curiosité que j’ai commencé à lire ce premier volume de l’Intégrale Uderzo.

Tout de suite, il convient de parler un tout petit peu des deux co-auteurs qui se sont chargés de l’énorme travail de documentation et de restauration, Philippe Cauvin et Alain Duchêne ! Tout deux journalistes, ils ont commencé chacun de leur côté, par admiration pour l’artiste, à collecter les mille et une informations nécessaires sans forcément penser tout de suite à cette collection. Il faudra la rencontre avec Uderzo qui va les rassembler pour qu’enfin émerge l’idée de ce projet. La masse d’informations rassemblées ici est donc phénoménale, on a vraiment tout, le moindre dessin exécuté, les études de perso, les bouts d’affiche, les strips dans les journaux, les illustrations d’articles dans France Dimanche…
C’est simple, c’est époustouflant !

Devant nos yeux se déplie une page de l’histoire de la BD. D’autant que le jeune Uderzo n’a pas ménagé sa peine, il a tout essayé, les revues, les studios d’animation, la presse, les albums etc. Et progressivement on voit son style qui se précise, qui s’abstrait à la fois de son influence Dysneyenne, mais aussi des maladresses du jeune artiste qui se cherche et qui apprend très vite. Et c’est alors qu’on voit les premiers grands écarts entre dessin cartoony et dessin réaliste, la palette s’ouvre vers des style très différents, à tel point qu’on a même du mal à croire qu’il s’agisse bien du même dessinateur !

Et le rédactionnel suit chacune de ses étapes, replaçant dans le temps, dans le parcours personnel d’Uderzo, la guerre, son frère Bruno etc. Le lecteur est guidé à chaque moment, comprenant tel soubresaut, tel choix et appréciant les concessions faites.

Je suis donc venu lire ce gros pavé de 420 pages en espérant découvrir une autre facette d’un des pères d’Asterix et j’en suis ressorti complètement conquis, les yeux encore écarquillés, devant la richesse de ce livre !

En plus, sincèrement, je suis assez fan de son style mi-réaliste des aventures de ces héros, Arys Back, le prince Rollin ou Belloy, ces gars aux bras hypertrophiés, aux grands yeux, avec une mise en page très dynamique, c’est un régal ! En tant que fan de comics c’est vrai aussi que j’attendais avec impatience de lire ces planches de Captain Marvel Jr ou l’on voit le dessin d’Uderzo s’affirmer, trouver son assurance et gagner en maturité (alors qu’il n’a que 23 ans !!!) avant d’entamer un tournant résolument plus réaliste pendant la période journalistique de France Dimanche et France Soir (49/51) ou il suit le tour de France, illustre les rubriques chiens écrasés ou les nouvelles du jour ! (c’est juste dommage que les auteurs du livres aient zappé les textes sous les strips adaptant "La chambre du haut", du coup on ne peux pas réellement apprécier l’histoire, juste se perdre dans les dessins !!!)

En fermant la dernière page je reste un peu sans voix devant tout ça. S’il y a bien une intégrale à avoir cette année c’est celle là (malgré le prix assez élevé).
Je suis tout de même heureux qu’en cette période de sur-production règne un esprit de reconnaissance vis à vis du patrimoine de la BD. Que ce soit ici ou partout ailleurs, on voit pousser des intégrales qui nous permettent de ne pas oublier l’importance de cette histoire, de ces auteurs… Et il était aussi temps d’amener les lecteurs à bien se souvenir qu’au delà de cette énorme franchise, qui reste encore maintenant l’une des plus grosses ventes de BD sur le marché, Uderzo est avant tout un artiste avec un magnifique style qui a produit énormément de planches qui méritent largement d’être redécouvertes !

Venez donc vous régaler en attendant les prochains volumes qui promettent d’être encore plus savoureux !

Par FredGri, le 22 octobre 2012

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