Tunnels

Nilli est archéologue, comme son illustre père, aujourd’hui atteint d’une maladie dégénérative.

Elle est actuellement sans mission. Mais une opportunité se présente. Elle va lui permettre de reprendre la quête que menait auparavant son père : trouver l’Arche d’Alliance. Il a toujours pensé qu’elle était dissimulée au fond d’une grotte, près du village d’Al-Karim.

Elle décide donc de retourner faire des fouilles là-bas. Problème, le site est au pied du mur récemment construit par Israël pour isoler un territoire palestinien. De plus, elle n’est pas la seule intéressée par la découverte. L’ancien partenaire de son père, un professeur sans scrupules, a vent du projet et envoie un homme qui pourra facilement infiltrer l’équipe de Nilli.

Par legoffe, le 31 janvier 2021

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Notre avis sur Tunnels

Rutu Modan est une des grandes figures de la bande dessinée israélienne. Son travail est souvent remarqué et récompensé (déjà deux prix à Angoulême).

Ce nouveau roman graphique ne devrait pas faire exception. L’auteure a choisi la comédie burlesque pour évoquer la situation désolante dans son pays, qui voit deux peuples incapables de s’entendre pour partager cette terre commune.

Rutu Modan va ainsi orchestrer une drôle de rencontre. Car, de part et d’autre du tristement célèbre mure, des archéologues israéliens et des Palestiniens s’activent pour creuser un tunnel. Les premiers veulent atteindre les sous-sols du territoire arabe pour trouver le trésor tant convoité tandis que les seconds veulent pratiquer la contrebande et rompre l’isolement de leur village.

L’auteure veille à mettre en scène des protagonistes représentatifs du conflit. Alors que Nilli est d’un naturel ouvert, elle doit composer avec les militaires, des juifs ultra-orthodoxes, des Palestiniens sans histoires, des trafiquants d’objets archéologiques… et se méfier des Islamistes.
Tout ce petit monde participe à une histoire particulièrement théâtrale, tant au niveau des dialogues que du déroulement de l’aventure. D’ailleurs, Modan a d’abord mis en scène et filmé de vraies personnes pour ensuite les dessiner.

Le récit est cocasse et riche en rebondissements. Chacun en prend pour son grade pour mieux dénoncer les absurdités politico-religieuses dans lesquelles le pays est enlisé.
Elle évoque aussi les dangers de la proximité de Daesh.

On admire aussi le style graphique, ligne claire toute en courbes et en douceur. Le choix des couleurs, éclatantes, est également très réussi. Les planches sont belles et contrastent avec le sujet du sous-terrain ! L’auteure amène ainsi la lumière dans le tunnel, avant même d’en voir le bout. Un message d’espoir et de tolérance distillé avec subtilité et intelligence.

Par Legoffe, le 31 janvier 2021

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