Le tueur de la Green River

Au début des 80’s la police de Seattle tente d’arrêter un tueur en série que l’on nomme déjà "Le tueur de la Green River". Plus de quarante victimes sont à mettre à son actif. L’affaire est confiée au détective Tom Jensen, qui à force de motivation, de courage, finit par mettre la main, au bout de nombreuses années d’enquête, sur le criminel qui s’en prenait aux prostituées.
L’homme est confondu grace à son ADN, au début des années 2000. Il se nomme Gary Leon Ridgway. La police le questionne sur tous les meurtres et essaye d’en apprendre un peu plus sur ses motivations…

 

Par berthold, le 22 mai 2012

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2 avis sur Le tueur de la Green River

Dès les premières pages, on est happé par cette enquête. Le tueur de la Green River est un oeuvre difficile, mais passionnante, qui ne nous laisse pas indifférent.

Ce livre est écrit par le propre fils du policier qui a mené l’enquête, Jeff Jensen. Il nous raconte avec un certain réalisme le travail réalisé par son père, mais aussi avec d’autres collègues, afin d’en apprendre un peu plus sur Ridgway. Au bout de cette enquête, on découvre un vrai "monstre".
Ridgway est pourtant un père lui aussi, il a été marié trois fois. Pourtant, il a tué soixante et onze femmes, la plupart des prostituées. Et comme on peut le voir lors d’une scène assez rude il a fait bien pire. On ne nous montre pas toute l’horreur des scènes, mais l’auteur nous le fait comprendre par le biais des réactions des policiers qui questionnent Ridgway. De même qu’au début du livre, avec une scène assez difficile qui nous met mal à l’aise d’entrée.
Jeff Jensen écrit un livre d’une grande rigueur, très efficace et parfaitement maîtrisé de bout en bout. L’enquête de police est fort bien décrite. Mais là, où le livre est fort aussi, c’est dans cette déclaration d’amour d’un fils, l’auteur, pour un père, le policier. Il rend hommage au travail mené par Tom Jensen sur cette affaire.

Le dessin de Jonathan Case est d’un noir et blanc assez réaliste. Son style s’impose dès les premières pages. Il nous montre les émotions de ces policiers, de ces gens, des familles des victimes, tout comme il fait ressortir le côté froid du tueur. Il met en scène des moments très difficiles, comme lorsque les policiers découvrent certaines victimes dans les bois dont les corps sont décomposés.
La mise en scène est vraiment bien choisie. Le lecteur suit diverses périodes sans problèmes. Pourtant, ce n’est pas un exercice facile.

La préface est signée par Stéphane Bourgoin, un spécialiste des tueurs en série.

Ce livre est une lecture que je vous conseille, sans hésiter. C’est un livre vraiment passionnant. Il me fait penser au film Zodiac de David Fincher.
N’hésitez pas à vous plonger dedans même si le sujet n’est pas très gai. C’est aussi un excellent récit policier.

A découvrir !

Par BERTHOLD, le 22 mai 2012

"Le tueur de la Green River" revient donc sur le parcours semé de cadavres du fameux serial killer américain, Gary Leon Ridgway. On dénombre à près de 50 le nombre de ses victimes connues et environ le double son véritable palmarès ! Parmi les enquêteurs qui le pistèrent pendant plus de 20 ans se trouve Tom Jensen, un policier qui va s’acharner tout du long pour découvrir d’une part qui est cet assassin qui échappe à la police depuis aussi longtemps, mais ensuite il va tenter de tout mettre en œuvre pour réhabiliter la mémoire des disparues, principalement en retrouvant tout les corps possible…

Aux commandes du scénario de cet album se tient le propre fils de Tom, Jeff Jensen. Son écriture est à la fois extrêmement précise, mais aussi empreinte d’une grande subjectivité, bien qu’il se tienne sans cesse en retrait par rapport au sujet. Simplement, tout est pratiquement vu au travers du regard de son père, de sa propre histoire, des doutes qui viennent progressivement émailler les années !
Le scénariste n’entre pas dans les détails, il ne force pas le côté exagérément glauque et morbide en s’attardant sur les détails. On a certes droit à quelques cases difficiles, mais le style de Jonathan Case est suffisamment esthétique et épuré pour ne pas forcer sur le côté pénible de ces découvertes !

Toutefois, le sujet lui même amène forcément des faits qui provoquent l’émotion, qui interpèlent par leur violence. Quand Ridgway commence à raconter, quand il décrit certains de ses meurtres on peut sentir notre sang se figer. Mais ce sentiment vient bien plus de ce que l’on imagine que de ce que les auteurs nous montrent.
Jensen ne s’attarde pas sur les éléments même de cette histoire, il installe davantage le cadre de l’enquête, le travail de longue haleine de son père, la capture de Ridgway, la relation poliment distante entre les deux hommes, les confidences du tueurs, mais en fin de compte on ne découvre pas vraiment plus de choses sur Ridgway, sur ses soirées à tuer etc. Jensen ne force donc pas le côté bassement voyeuriste de l’affaire, néanmoins il nous laisse sans cesse en périphérie, loin d’une véritable immersion très tendue.

Parce qu’est ce qu’on voit réellement ? Un policier qui s’obstine au fil des ans tandis que les corps continuent de s’amonceler. Puis deux adversaires qui s’échangent des politesses, des petites pensées respectueuses. Et enfin, un homme qui a du mal à simplement reconnaître l’ampleur de sa propre violence abjecte… Tout est tranquille, calme, voir même paisible.
Depuis la banalisation de toutes ces affaires par le cinéma et les séries télé, les actes de ce "serial killer" semblent presque banals.

C’est peut-être ce que je reproche le plus à cet album, ce manque de tension qui ne transparait qu’au travers de quelques phrases, une description qui fait froid dans le dos et c’est tout. On est certes séduit par cette lecture (malgré une construction narrative assez fouillis qui nous balance d’une année à l’autre sans crier gare, on saute de dix ans en arrière, on revient en 2003 pour se retrouver en 1983 et zou revenir en 2009. Cela créé un rythme c’est vrai, mais cela reste parfois assez fatiguant) mais on se coupe petit à petit du cours des choses, de la chronologie. Les évènements étant surtout importants quand ils s’inscrivent dans un ensemble, dans une progression. Présentées de façon quelque peu aléatoire le scénariste joue bien plus sur le pathos, sur l’immédiateté des infos, que sur leur sens profond !

Toutefois, cela reste une très agréable lecture qui donne envie d’en savoir davantage, de se documenter.
Bon, accessoirement il s’agit aussi d’un très bel album, les planches de Case sont magnifiques, un noir et blanc somptueux, très expressif et propre !

Par FredGri, le 11 août 2014

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