Tu ne mourras pas

Aude est étudiante en philosophie. A 22 ans elle vit en couple avec Etienne qui lui aussi étudie la philo. C’est en répondant à la petite annonce de recherche de babysitteur qu’elle va faire la connaissance de Corentin, un garçon de 9 ans. Dès lors Aude et Corentin vont nourrir un amour fiévreux et passionner l’un pour l’autre…

Par melville, le 29 juillet 2011

Notre avis sur Tu ne mourras pas

Tu ne mourras pas est une histoire d’amour absolu mue par une passion incandescente qui embrase les corps de Aude et Corentin, de la jeune fille de 22 ans et de l’enfant de 9 ans. Le lien qui les unit est tellement fort et envahit de cette entièreté implacable propre au regard des enfants qu’il s’extirpe de lui-même du carcan social de la norme. Et c’est dans ce sens que je m’inscris en faux contre certain propos de critiques BD que j’ai pu lire. L’amour fiévreux que partagent l’un pour l’autre Aude et Corentin n’est en aucun cas dérangeant. Ici, se poser la question de savoir si le récit enfreint la moralité ou non est à mon sens un glissement conservateur peu heureux. Le roman de Bénédicte Heim n’a pas pour but de bousculer son lecteur, le sentiment de malaise n’a donc pas lieu d’être ; et il est impératif de ne pas faire l’amalgame entre la morale et la norme.

Edmond Baudoin adapte Bénédicte Heim, et sans rien changer des mots de l’écrivain, il s’approprie pour autant réellement le texte. Baudoin tape le récit à la machine à écrire, puis le rature et rajoute des corrections manuscrites. Il lui donne cette impression d’inachevée. C’est comme si on lisant un brouillon. Mais loin d’avoir le sentiment de lire une œuvre inaboutie, cette approche rend le texte vivant, libre. Baudoin effectue un énorme travail dans l’agencement de ces planches et en découpant le texte de Bénédicte Heim, il en sublime le style. Fougueux, lyrique, sensuel et sensitif, le récit frôle l’érotisme sans pour autant vraiment s’y adonner tant l’amour qu’éprouve Aude et Corentin, Gaëlle et Yaël (comme ils aiment se prénommer en secret), est fort et sincère. Le dessin de Baudoin traduit avec justesse et émotion l’extrême fragilité de ces personnages à fleur-de-peau. Edmond Baudoin est un grand maître de la bande dessinée dont l’expression graphique ne peut laisser indifférent.

Tu ne mourras pas est un livre qui contribue immanquablement à donner ses lettres de noblesses au neuvième art. Sublime, c’est un très gros coup de cœur !

Par melville, le 29 juillet 2011

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