TROU DE MEMOIRE
Gila monster

Sur un des pontons de Fischerman Wharf balayé par une pluie battante, un homme reprend peu à peu conscience. Couvert de sang, un flingue à côté de lui, il se demande ce qu’il fait là. Nauséeux par la douleur qui lui taraude le crâne, l’homme découvre le cadavre de femme non loin de lui et ne peut s’empêcher de se poser des questions. Qui est-elle, est-ce lui qui l’a tuée ? Et puis tout d’abord, qui est-il lui-même ? Sans aucune mémoire, l’homme parvient tout de même à découvrir qu’il se trouve dans la baie de San Francisco. Mais qu’y fait-il ? En se fouillant, un petit indice lui permet de rejoindre, non sans s’être changé à la sauvette au préalable, dans un hôtel luxueux où on le reconnaît sous le nom de Robert Wilson. Après une douche réparatrice et une fouille de son appartement, l’homme découvre quelques documents qui confortent son identité qui sonne faux. Pendant que l’amnésique tente de se reconstruire son passé, dans le quartier de Fischerman Wharf où le cadavre de la fille a été découvert, la police a commencé son enquête. Les indices ne manquent pas, pressentant que l’affaire va être vite bouclée. C’est à ce moment-là que la terrible nouvelle de l’assassinat d’un sénateur vient contrarier les recherches de la police californienne.

Par phibes, le 25 août 2015

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Notre avis sur TROU DE MEMOIRE #1/2 – Gila monster

Roger Seiter, scénariste qui s’est forgé sa réputation sur des récits aventureux, historiques et policiers, continue à alimenter le catalogue des Editions du Long Bec (après Envols, Alsace 1756, Sorcières, Wild River…) en y ajoutant son tout dernier qu’il a écrit avec Pascal Regnauld.

Prévu en deux tomes, cette nouvelle équipée nous donne l’occasion de découvrir les tourments d’un personnage qui a la particularité d’avoir un gros trou de mémoire et qui se doit de découvrir qui il est exactement. Il va de soi que la thématique n’est pas des plus originales par le fait qu’elle n’est pas sans rappeler la série phare XIII et les déboires du fameux tatoué. Toutefois, il n’en demeure pas moins que les déambulations hasardeuses du Gila monster auxquelles le lecteur va être associé se suffisent à elles-mêmes pour générer une intrigue à rebondissements perceptibles.

A la faveur d’une structure plutôt solide, Roger Seiter construit une sorte de puzzle autour de son personnage (Wilson/Gilford) dont les pièces vont progressivement se rajouter au fur et à mesure que l’amnésique découvre des indices. Evidemment, ce premier opus est loin de tout dévoiler mais laisse déjà filtrer assez précisément l’activité du protagoniste principal et ses accointances suspectes. Afin de donner un peu plus de consistance à la quête identitaire, le scénariste lui associe en parallèle d’une part, de façon récurrente, l’enquête policière menée par deux inspecteurs et de façon beaucoup plus réduite, les projets radicaux de la pègre newyorkaise.

De fait, malgré un schéma classique, on peut convenir que l’on ne s’ennuie pas du tout et que l’on reste bien accroché aux basques de cet homme éperdu qui, à n’en pas douter, commence à livrer une image anticonformiste.

L’intérêt de cet album passe également par le travail pictural de Pascal Regnauld. Ce dernier, qui a su peaufiner son trait grâce à sa participation active dans la mise en images des aventures de l’Inspecteur Canardo (par Sokal), nous livre un dessin qui bénéficie d’une originalité profitable. En effet, l’évocation très stylisé qu’il nous sert permet de plonger dans un univers semi-réaliste jouissant d’un certain esthétisme. Si ces décors relèvent d’une représentation pour le moins léchée avec des perspectives adroites, ces personnages ont plutôt tendance à sortir d’une galerie de portraits aux gueules très pastichées et bien porteuses. De plus, on pourra saluer le superbe travail qu’il réalise sur les couleurs utilisant une tonalité très réduite (bichromie à dominante sépia ou gris-bleu) et une surexposition de ses images par un encrage blanc.

Un début de polar très prometteur qui demande impérativement une conclusion que l’on espère très prochaine. Une nouveauté aux éditions du Long Bec à ne pas rater !

Par Phibes, le 25 août 2015

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