TROU DE MEMOIRE
Combien de temps un homme peut-il survivre sans respirer ?

Frappé d’amnésie à la suite d’une rixe mortelle sur un des pontons de Fischerman Wharf, Milton Gilford est toujours en quête de sa véritable identité. Ce 10 mai 1964, après avoir vu le médecin auquel il a exposé son problème de perte de mémoire, Milton est allé voir un vendeur de coffre-fort afin qu’il intervienne chez lui pour ouvrir le sien. Une fois le rendez-vous fixé, il téléphone au banquier dont il a vu précédemment le nom dans les dossiers trouvés. C’est grâce à ce dernier qu’il découvre qu’il est un homme très aisé. La consultation de son coffre à la banque lui permet de récupérer des documents qu’il s’empresse d’examiner à l’extérieur dans un lieu public. Il apprend ainsi qu’il peut avoir un lien avec un certain James S. Becker, que ce dernier a un frère et qu’il détient un gros cahier sur lequel se trouvent de très nombreux portraits de personnages liés à une date. Lorsqu’il revient à son appartement, il trouve la possibilité de découvrir l’intérieur de son coffre personnel qui renferme deux autres dossiers nominatifs dont celui du sénateur Pattersson assassiné récemment. Ne serait-il pas un tueur à gages ? La rencontre avec Dorothy O’Brian, danseuse au Billy’s, va peut-être le lui confirmer. Pendant ce temps, l’étau se resserre autour de Milton, serré de plus en plus près par la police californienne et par des sbires de la mafia newyorkaise.

Par phibes, le 7 novembre 2016

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Notre avis sur TROU DE MEMOIRE #2/2 – Combien de temps un homme peut-il survivre sans respirer ?

C’est avec un très grand plaisir que l’on retrouve la suite du polar concocté par Roger Seiter et Pascal Regnauld dont la première partie nous avait immergé dans une quête identitaire pour le moins sombre et on ne peut plus délectable.

Ce second épisode nous replonge avec force dans cette histoire pleine de mystère et oppressante à souhait tournant autour de l’amnésique Milton Gilford, qui, depuis son réveil sur un des pontons de Fischerman Wharf, n’a de cesse de découvrir qui il est réellement. Les investigations de ce dernier se poursuivent donc et tendent, au fil des pages, à éclairer plus précisément la véritable nature de ce personnage.

A l’appui d’une structure scénaristique aiguisée et efficace (le choix de l’époque est décisif eu égard à l’un des assassinats évoqués), Roger Seiter jongle avec les différentes séquences, tantôt en nous faisant vivre l’avancée des recherches de Milton, tantôt en égrainant l’enquête des policiers de San Francisco, dans une progression adroitement mesurée. Par ailleurs, il nous fait retrouver les truands mafieux dans leurs terribles desseins et leur fait jouer un rôle crucial dans la quête de Milton. Enfin, la vérité sur la rixe de Fischerman Wharf nous est dévoilée, surprenante et imparable. Il va de soi que la voix-off à la troisième personne qui accompagne les pérégrinations de l’amnésique est toujours aussi obsédante. Elle nous entraîne indubitablement vers ce final sans appel que l’on attend impatiemment et qui doit nous confirmer ce que l’on pressent depuis le tome 1.

A la faveur de son travail pictural stylisé, Pascal Regnauld a trouvé le moyen de camper une ambiance générale assurément originale et très addictive. Utilisant une palette de couleurs très bien choisie, l’artiste donne une vision très efficace de cette histoire et se démarque totalement de ce qu’il réalise dans la série Canardo. Ce semi-réalisme rigoureux qu’il use avec une justesse remarquable lui permet de mettre en avant des décors superbement léchés et une galerie de trognes qui suscitent une certaine noirceur.

Une conclusion sans appel d’un polar sombre à souhait mené avec brio par des artistes de choc. De fait, on en redemande !

Par Phibes, le 7 novembre 2016

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